Brigitte fait preuve d’une certaine fatalité en me rendant visite ce matin, elle accompagne une autre personne et ne s’attend pas véritablement à trouver l’oreiller miracle pour elle-même. Il y a longtemps qu’elle ne croit plus aux miracles !
Son cou est bien mince, développé et enrubanné d’une fameuse écharpe qui laisse imaginer la fragilité qui s’y cache.
Elle souffre depuis des années des épaules, parle de tendinite qui dure depuis 10 ans, le supra-épineux enflammé dans la tête de l’épaule l’empêche depuis longtemps de dormir dans sa position favorite sur le côté gauche.
Elle tourne la tête difficilement, consulte régulièrement, et se plaint de fourmillements dans les bras.
Nos bras et nos mains comme pauvres cales compensatrices
Si vous lui donnez un oreiller standard qui s’enfonce et la faites allonger sur le côté qui fait mal, vous ne tardez pas à la voir ratisser toute la matière qu’elle peut avec son bras placé à l’équerre, et rajouter sa main droite contre sa joue pour tenter désespérément de soutenir sa tête dans l’alignement du corps, d’éviter la bascule du visage vers l’avant et de soulager l’épaule comprimée qui, par-dessous, tire déjà la sonnette d’alarme.
La mollesse est le pire ennemi de Brigitte, c’est vrai en oreiller mais pas seulement, c’est une femme énergétique, courageuse, dure à la tâche, et cela autorise une solution déterminée et volontaire qui l’aidera et que nous n’allons pas tarder à définir ensemble.
Cela va se faire en deux temps trois mouvements. Premièrement lui placer un oreiller en balles de sarrasin 50×70 cm sous la tête, bien ramené contre l’épaule, légèrement pivoté vers l’avant.
Nécessité d’un rembourrage spécifique
Sa hauteur se révèle dans un premier temps insuffisante par rapport à la largeur d’épaule de Brigitte, l’espace à combler, et le souci qu’elle a de soulager au mieux son épaule endolorie sans lui faire supporter trop de poids. Je la vois s’activer encore à retenir l’angle de l’oreiller avec ses mains à la rescousse, mode de compensation classique quand on n’est pas à l’aise.
Quand vos mains et vos bras sont mis à contribution pour soutenir et caler votre tête en position de côté, stoppez tout, vous êtes en présence d’un oreiller insatisfaisant et vous êtes instinctivement en train d’essayer de vous en accommoder du mieux que vous pouvez.
Rappelez-vous, ce n’est pas à vous de vous adapter à votre oreiller, c’est votre oreiller qui doit vous correspondre, comme le parfait prolongement de vous-même.
Liberté de réglage d’un oreiller végétal ouvrable
Qu’à cela ne tienne, la réponse est facile dans notre cas, nous rajoutons immédiatement dans l’atelier situé juste à côté de notre centre d’essais 7 litres de sarrasin dans l’oreiller (on ne compte jamais en poids dans notre métier mais toujours en volume, car la densité de nos matériaux est variable par nature).
Nouvel essai. Aussitôt c’est l’équilibre, plus besoin des mains ni de l’avant-bras à l’équerre, la tête se trouve dans l’axe de la colonne vertébrale, la tête d’épaule est beaucoup moins comprimée et Brigitte s’attarde avec délice dans sa position préférée qui par bonheur redevient confortable, comme elle ne l’a plus été depuis si longtemps…