EXPEDITION DANS LE MONDE ENTIER - PROCHAINE REMISE EN POSTE LE LUNDI 13 MAI 2024

Au magasin avec Sylvia, 47 ans, 1m70, 49 kg, au cou très fin et extrêmement fragile, qui ne se trouve plus bien sur son oreiller

PAR janick constant

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Sylvia est venue nous rendre visite en apportant son oreiller actuel, il a fait l’affaire pendant un temps mais elle sent que ce n’est plus aussi bien qu’avant, il faut mettre le dossier à plat.

L’oreiller à remplacer est toujours très intéressant à observer pour moi, c’est un point de départ, une base de réflexion et de discussion, aussi j’encourage toujours mes visiteurs à l’apporter quand le cas est pointu.

Clarifier le contenu de son oreiller

Nous en commençons l’examen en le sortant de ses taie et sous-taie. C’est un oreiller en balles de grand épeautre. Elle l’ignore car peu de gens mémorisent durablement ce que contient leur oreiller et rarement quelqu’un a la curiosité de l’ouvrir.
Elle ne le réalise pas bien mais elle a attendu trop longtemps, l’épeautre est défraichie, tassée, elle a perdu son volume, et donc son élasticité aussi, et l’aspect général est très jauni, ce qui traduit l’usure du temps, la sudation…

De quoi parle t-on ?

La balle de grand épeautre est une ogive constituée de pétales séchés. L’écrasement au fil des nuits doublé d’une transpiration insoupçonnée mais inévitable supposent un renouvellement tous les trois ans en moyenne.
Ce n’est pas si mal quand on pense qu’on renouvelait autrefois ses articles de literie à chaque moisson annuelle. On ne jetait rien. La balle une fois séparée du grain était précieusement conservée et utilisée en oreillers comme en paillasses.

Le contexte de Sylvia

Sylvia est grande et très mince, son cou est bien développé et ultra-fragile, elle évoque un choc cervical lors d’un sport nautique ancien, une légère excroissance demeure sur le côté gauche, elle est suivie depuis des années par une kiné et un ostéopathe, au gré des tensions, raideurs, torticolis, maux de tête, elle porte une minerve certains soirs pour se soulager…
Son travail statique sur un ordinateur portable, en période de télétravail prolongé, n’a rien arrangé. Son plaisir quasi inconscient à dormir parfois sur le ventre lui est certes plaisant dans l’instant au cœur de son repos inconscient, mais fatal au réveil. On ne devrait jamais laisser sa compagne dormir sur le ventre sans la frôler délicatement pour la faire bouger dans son sommeil.

Garder le format et optimiser le contenu

L’oreiller qu’elle apporte est un 40×60 cm et c’est donc un oreiller végétal. C’est la base de notre réflexion et il va suffire en première intention de lui faire essayer la même taille mais en balles de sarrasin cette fois.
Sylvia fait partie des nombreuses personnes à qui un oreiller ergonomique à mémoire de forme serait absolument fatal, quoi qu’en disent les publicités innombrables et les vendeurs de literie intéressés.
Pourquoi ? Parce que leur courbe préformée est inscrite dans l’oreiller et a bien peu de chance de correspondre à sa morphologie, et aussi pour la raison que la sensation de la mousse à mémoire de forme lui serait insupportable, tant par son retrait en compression que par la contre-poussée qu’elle exercerait.

L’intérêt du sarrasin dans ma pratique

Alors pourquoi partir sur du sarrasin ? D’une part pour l’extrême précision du modelage obtenu en le façonnant avec ses mains, net, chirurgical, au millimètre. Et d’autre part pour la stabilité du maintien, sans retrait, sans effet dérobé, qui va engendrer le « miracle » du relâchement musculaire qu’il faut à Sylvia, quand d’autres ne pourraient le ressentir qu’à l’appui d’un oreiller moelleux.
Nos perceptions sont tout aussi différentes que nos corps, et quand on est contracté comme elle l’est, et qu’on se contracte encore un peu plus en défense contre la souffrance redoutée, c’est par le maintien ferme qu’on donne le signal d’une possible désescalade des tensions.

Trouver le bon oreiller et lui accorder sa confiance

Pour que Sylvia puisse se détendre et ne pas rajouter des contractures, des défenses de tension sur un cou qui se sait fragile et sujet à des crises douloureuses, il lui faut pouvoir « faire confiance à son oreiller » et être certaine qu’il ne perdra dans la nuit ni sa hauteur, ni sa consistance, ni sa densité.
Sylvia appartient à la catégorie des dormeurs auxquels aucune mollesse n’est autorisée en matière d’oreiller dès qu’il s’agit de faire sa nuit et non de rêvasser sur le dos juste pendant quelques minutes.

Laisser parler l’instinct

Un grand format d’oreiller n’est pas utile dans son cas et serait même trop haut, il ne faut pas un grand nombre d’années à l’âge adulte pour s’en être fait une conviction. En réalité, chacun ressent ce qui est bon pour lui. On n’impose pas un grand oreiller à quelqu’un d’aussi mince et qui connait ses besoins pour dormir aussi bien sur le dos que sur le côté.
Il convient de préciser à Sylvia qu’il faudra emmener cet oreiller partout avec elle, quel que soit le nombre de nuits à passer hors de chez elle. La durée de la villégiature n’y fait rien, une mauvaise nuit sur un oreiller de rencontre peut gâcher bien des journées ensuite. Sylvia comme bien d’autres en savent quelque chose.

Gare aux oreillers ergonomiques !

Dans ma pratique journalière du conseil, que je mène depuis plus de 20 ans, l’oreiller de sarrasin s’est imposé comme une solution de première force, en alternative naturelle par rapport aux oreillers ergonomiques préformés, qui font des ravages autant commerciaux que sanitaires…
Non seulement nous adaptons à loisir le format d’oreiller au corps de chacun, mais nous jouons aussi sur la quantité de sarrasin dans l’oreiller, qui sur un format donné ne peut être la même pour chacun.

Remplissage à la carte

Je préfère remplir généreusement les oreillers que nous distribuons, libre à chacun ensuite d’enlever l’excédent éventuel par la fermeture à glissière, car bien entendu, chacun de ces oreillers végétaux est ouvrable, un oreiller de ce type doit toujours être réglable dans sa quantité de rembourrage.
En enlever trop, c’est générer un creusement excessif et de l’inconfort. Quant à trop remplir, c’est freiner la mobilité de la masse, la facilité de déplacement. Là aussi, tout dépend de l’individu. Nous en sommes arrivés aujourd’hui à fabriquer des oreillers véritablement personnalisés, au fil des conversations avec nos clients, que ce soit sur place dans notre centre d’essai qui jouxte l’atelier, ou par téléphone.
Ce qui m’importe dans mon travail, c’est que vous trouviez le parfait prolongement de vous-mêmes. Les ressources de la nature que nous mettons en œuvre ici nous donnent cette certitude inébranlable de toujours pouvoir y parvenir.

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