EXPEDITION DANS LE MONDE ENTIER - PROCHAINE REMISE EN POSTE LE LUNDI 13 MAI 2024

Delphine, 38 ans, me demande par email tous les petits trucs pratiques à savoir sur la question de l’oreiller

PAR janick constant

Close up face portrait of a vivacious blond woman looking at the camera with a beaming happy smile

Profitant de l’accalmie des vacances de Noel, Delphine me questionne sur tous les petits trucs à savoir sur les oreillers, tant dans leur choix que dans leur mise en œuvre.

Je vous fais profiter de la réponse que je lui fais, vous pouvez bien entendu trouver d’autres développements dans le compte-rendu de nos « Consultations » et dans mon livre « Manuel de l’Oreiller ». La question est vaste, elle méritait certes un livre entier !

L’oreiller est une problématique complexe et hyper-personnelle, qui fait entrer en jeu non seulement des paramètres physiques fondamentaux pour choisir son modèle, mais qui contient aussi une dimension sensible et subjective importante que vous êtes la seule personne à pouvoir appréhender en dernier ressort.

A nous de vous proposer un maximum de solutions et de les mettre en correspondance avec vos attentes, et ensuite le dernier mot vous revient !

Les deux aspects doivent être pris en compte, il faut ensuite découvrir et appréhender le choix de modèles qui peut exister en face en réponse, et c’est tout le sens de notre travail de fabricant au quotidien.

Question de l’amorti souple

Quant au choix, une des grandes questions à vous poser est de savoir si vous avez besoin d’un amorti souple ou pas dans votre oreiller, s’il doit présenter une certaine élasticité sous le poids de votre tête ou pas, et si oui dans quelle mesure : amplitude de la course de descente, résistance effective au fil de cette descente, contre-poussée ressentie par la suite une fois la tête en sustentation dans l’oreiller.

C’est une notion fondamentale pour le fabricant comme nous sommes, capable de vous proposer toute l’étendue du spectre des possibles, et nous vous ramènerons toujours sur cette question lors de nos entretiens.

Les deux extrêmes directions sont d’un côté la fermeté et l’inertie totale, de l’autre la souplesse et l’élasticité plus ou moins étendue.

Notion de fermeté

Ensuite, n’oubliez pas que ce qui est ferme n’est pas forcément dur, c’est parfois même la condition sine qua non d’un véritable commencement de relâchement musculaire.

En effet, si vous êtes en tension, parfois en souffrance et d’autant plus crispé, vous le resterez jusqu’au matin si votre oreiller ne vous soutient pas en substance à la hauteur de vos attentes. N’oubliez pas ça, on doit pouvoir se “lâcher” dans son oreiller, et cette notion passe par des solutions totalement éclatées voire contradictoires selon les individus.

De même, ce qui est souple n’est pas forcément atone (le contraire de tonique) et sans maintien, car on peut jouer de mille manières sur la résistance et la capacité de rebond d’un matériau.

C’est pourquoi lors de nos essais sur place, alors que la personne est déjà allongée, j’aime bien demander à chacun d’exercer une poussée supplémentaire sur l’oreiller pour bien prendre conscience de la capacité d’amorti qui demeure par-dessous ou pas. A défaut, cela peut engendrer une déconvenue durant la première nuit d’utilisation, si cet aspect n’a pas été assez pris en compte.

Certains d’entre vous lors de leur visite l’appréhendent d’eux-mêmes, et je les vois forcer de la tête vers le bas à la recherche d’une suspension souple qui inconsciemment, sans qu’ils l’aient posée comme critère de choix en conscience, leur est nécessaire.

Paramétrage d’un oreiller

Sachez globalement qu’un oreiller, c’est la combinaison d’une surface, d’une épaisseur, d’une densité, d’un coefficient d’élasticité, d’une résistance à la compression et d’une capacité de contre-poussée, rien de moins.

Tous ces facteurs entrent en ligne de compte, c’est pourquoi nous multiplierons toujours les questions pour débusquer le matériau qui vous correspond, comme une sorte de notion d’architecture et de génie civil ! Définir un oreiller, c’est comme avoir à construire un pont quelque part. C’est d’abord une surface de sustentation combinant des contraintes mécaniques. L’analyse du terrain (quel est le matelas en présence ?), la définition des contraintes exercées (poids de corps ? Carrure ? Profil du cou et de la tête ? Positions de sommeil ? Fréquence des déplacements ? Sudation ?)…

Ne pas oublier qu’il y a un lien direct entre un oreiller et votre matelas. Plus votre matelas est souple et absorbant, plus votre corps s’enfonce dedans et plus l’oreiller doit être mince. En revanche, sur un matelas tonique et rebondi, vous serez plus en surface, ce qui demande une cale de compensation plus haute au niveau de la tête. C’est une notion à prendre en considération lors de tout essai allongé hors de chez vous.

Quand vous choisirez un oreiller dans notre centre d’essais, nous n’hésiterons pas à le corriger en rembourrage si nous pressentons un manque potentiel une fois rentré chez vous.

Choix de la dimension

Quand le choix du matériau qui vous convient est arrêté, il faut nous attacher à choisir la bonne dimension pour l’oreiller. Sachez que la forme carrée ou rectangulaire est à décider avec soin, elle fait partie des éléments clefs, la différence entre les deux est significative pour 90% d’entre nous. Peu de personnes n’y prêtent pas d’importance ou ne ressentent pas spécialement la différence.

Ne vous demandez pas simplement quel oreiller convient à votre position de sommeil actuelle, celle-ci peut être dictée par de mauvaises habitudes prises, parfois tout simplement à cause d’un mauvais oreiller. L’oreiller que vous choisirez doit vous permettre de dormir sur le dos et sur le côté, qui sont les positions les plus réparatrices pour le corps.

Généralement, un individu de plus d’1m75 se trouve mieux sur un oreiller rectangulaire 50×70 cm, par un gain de place dans son lit en longueur et une meilleure résistance à la compression, due au format plus contraint de l’oreiller par rapport à un carré qui s’éparpille davantage dans toutes les directions.

Quand nous annonçons la dimension d’un oreiller, c’est toujours depuis le centre de son bord d’un côté au côté opposé en passant par le centre, donc par le bombé. Autant dire ce qu’on appelle en géométrie le périmètre d’un demi-cercle. C’est la seule mesure objective fiable, c’est donc celle qui vous permet de choisir en rapport la dimension de vos taies d’oreillers. On ne mesure jamais un oreiller d’angle à angle sauf en cas de modèles spécifiques préformés.

Si vous cherchez à faire un dossier pour passer du temps assis dans votre lit, prenez un modèle en laine vierge en 60×60 cm, le compromis parfait entre rigidité verticale et souplesse. Cela vaut d’ailleurs aussi dans un canapé trop profond.

En revanche, dans un fauteuil relax type électrique présentation souvent un creux désagréable dans le bas du dossier, mettez un oreiller en duvet d’oie souple 60×60 cm, un régal !

Dormir sur le ventre, par défaut…

Je suis de plus en plus convaincu au fil de ma pratique que beaucoup de gens dorment sur le ventre par défaut, faute d’oreiller convenable qui permettrait de faire autrement sans souffrir ni générer de l’inconfort.

Quand j’arrive à faire changer cette habitude, j’observe que le premier essai d’un visiteur est d’essayer de se placer immédiatement sur le côté comme une façon de réenvisager le champ des possibles. Si ça fonctionne, la personne va ensuite “s’aventurer” spontanément sur le dos, comme une sorte de luxe suprême qu’elle s’autorise. Si elle y demeure, c’est gagné, tout redevient envisageable et une véritable récupération du corps à l’échelle d’une nuit peut s’envisager.

Toujours voyager avec son oreiller

Voyagez toujours avec l’oreiller qui vous convient, ne vous en séparez jamais ! Si c’est un oreiller en plume et duvet, n’hésitez jamais à le comprimer à plat ou à le rouler très serré avec des sangles, comme un sac de couchage, il retrouvera son volume à l’arrivée en le secouant et par la reprise d’air naturelle.

De cette façon, avec des oreillers dépassant rarement le kilo même en format standard, tout est permis même dans une valise de format cabine d’avion. S’il prend tout le caractère stratégique qu’on peut imaginer, achetez-en un second, identique, sans attendre, par précaution ou pour disposer à demeure dans votre résidence secondaire.

Ne croyez pas les marchands du temple qui voudraient vous vendre un oreiller minuscule pour le voyage qui rendrait une fois sur place le confort du grand format que vous avez chez vous. C’est illusoire. La dimension d’un oreiller est un des éléments clefs du meilleur prolongement de vous-même !

Petits réglages

Secouer plus ou moins un oreiller moelleux le matin selon l’effet de gonflant que vous préférez.

S’il manque d’un peu de densité à votre goût, enveloppez-le dans une sous-taie un peu serrante, c’est le meilleur moyen d’ajuster sa résistance à la compression au mieux de ce que vous aimez.

Si vous trouvez au bout de quelques temps trop d’atonie à un oreiller en plume et duvet, donnez-le à laver à l’eau, puis à sécher au sèche-linge (très important), c’est le meilleur moyen de lui redonner du gonflant et de la résilience. Un coup de sèche-linge seul, notamment si vous transpirez ou si la pièce est humide, n’est pas inutile pour récupérer du gonflant.

Si vous avez besoin de dormir très réhaussé avec deux oreillers, mettez un sarrasin en dessous (d’une stabilité à toutes épreuves) et un plus souple type plume et duvet au dessus (d’un confort d’accueil absolu).

Retourner son oreiller dans la nuit, notamment s’il s’agit d’un modèle en plume et duvet, c’est récupéré du garnissage au niveau de la nuque, qui avait eu tendance à s’échapper sur l’arrière, mais dans tous les cas, c’est récupérer un effet de fraicheur de contact considérable. La face la plus fraiche de votre oreiller, et c’est bien à la taie qu’on la doit, se trouve toujours par dessous.

Adaptabilité d’un oreiller végétal

Si vous avez privilégié un oreiller en balles végétales ou en laine, n’oubliez jamais qu’ils sont tous ouvrables par une fermeture à glissière et qu’il y a moyen d’en ajuster la quantité de garnissage tant à la hausse qu’à la baisse.

N’oubliez jamais qu’en tant que fabricant mettant en œuvre des matériaux plus ou moins inertes, notamment comme le sarrasin, l’épeautre ou le millet, nous ne pouvons satisfaire 100% des utilisateurs sur tel ou tel modèle tant les morphologies entrent en ligne de compte lors de l’utilisation.

Rien de commun a priori entre une personne d’1m60 et 55 kg, et une autre d’1m85 et 90 kg. Je ne parle donc pas d’une personne de 120 kg (on n’est pas forcément « gros » quand on pèse 120 kg, simplement bien bâti, athlétique, robuste…) pour laquelle je garnis toujours sur mesure un oreiller végétal.

Il ne faut donc jamais hésiter à nous appeler avant de nous commander un oreiller, en nous précisant le gabarit de l’utilisateur pour en tenir compte sur l’oreiller que nous allons fournir.

Si vous enlevez de la matière dans un de nos oreillers, gardez-la précieusement pour l’avenir dans un sac ou un récipient à l’abri de l’humidité, et sachez que dans le cas contraire d’un manque, nous proposons de quoi renflouer vos oreillers en fonction des besoins.

Plus un oreiller en balles végétales ou en laine est rempli, plus la fluidité et le caractère malléable diminuent, plus vous vous rapprochez d’une forme monobloc à tendance rigide.

Avantages possibles d’un format carré

Si vous avez besoin de pouvoir vous rehausser sur un oreiller par moment ou d’avoir une liberté maximale pour régler sa densité et son épaisseur, rien de tel qu’un format carré 60×60 cm.

Il vous permet de le serrer contre la tête de lit pour le densifier, vous pouvez aussi le disposer en forme de V inversé, vous pouvez même l’utiliser à champ, c’est-à-dire sa surface à la verticale, en somme pour dormir par moment sur la tranche, ce qui peut être très agréable et ravit certains d’entre vous.

Si vous avez absolument besoin de passer un bras sous l’oreiller, n’optez que pour des matières souples, notamment plumes et duvet, d’un poids très limité et qui ne risquent pas de provoquer inconfort et engourdissement du membre. Ce sont les seuls oreillers naturels qui autorisent cette position.

Gare à la transpiration !

Enfin si vous transpirez beaucoup, n’omettez jamais de disposer un protège-oreiller absorbant entre l’oreiller et la taie, c’est indispensable pour la longévité du coussin.

Nous proposons à cette fin une qualité de molleton en coton bio qui ne modifie pas le confort de l’oreiller et n’ont pas l’inconvénient des membranes en plastique qu’on trouve sur la plupart des protèges-oreillers du commerce. Si vous transpirez beaucoup, ne pensez pas que le molleton de coton épais soit une source additionnelle de transpiration, il n’en est rien.

Conseils d’ami

N’écrasez jamais le bord de votre oreiller pour dormir sur le côté, l’épaule demeure totalement sur le matelas, l’oreiller contourne l’épaule. Entrainez-vous debout pour bien comprendre, en mettant l’oreiller à cheval sur votre épaule sans le laisser déborder, et reproduisez cette façon de faire en étant couché.

95% de nos visiteurs aujourd’hui ne savent pas utiliser correctement un oreiller pour dormir sur le côté. C’est pourquoi le conseil précédent est devenu un moment incontournable dans les essais d’oreillers que nous pratiquons chaque jour, car le meilleur oreiller du monde ne vaut rien sans la manière de le mettre en œuvre.

Sur un oreiller rectangulaire 50×70 cm notamment, essayez à l’occasion de placer votre oreiller en diagonale, penché vers l’avant, ça peut aider à mieux le ressentir dans le canal du cou et l’effet de bien-être et de détente est souvent surprenant !

J’espère que ces conseils vous seront utiles et je souhaite à Delphine comme à chacun d’entre vous une année entière de nuits paisibles et réparatrices !

cet article vous a plu ? Partagez-le !