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Ébauche d’un dictionnaire des allégations environnementales en matière d’oreillers

PAR janick constant

Different words related to ecology with tree with leaves logo in the middle.

Vous êtes nombreux à vous perdre dans la jungle des mentions écologiques figurant sur les oreillers du commerce, qui tentent de réinventer sous vos yeux fatigués le confort que vous ne connaissez déjà que trop… on vous donne notre point de vue.

Beaucoup de ces termes sont mis en œuvre et cultivés par de nombreuses boutiques de vente en ligne, chargées de bâtir des rédactionnels alléchants sur les oreillers proposés à la vente, généralement sans aucune connaissance du sujet.

Le site en question peut être l’interlocuteur direct du fournisseur, il peut être aussi une plateforme ouverte sur laquelle de nombreux commerçants vendent toutes sortes d’articles (market place).

Il est fréquent que chaque intervenant rajoute aux données initiales du fabricant du produit sa propre interprétation, sa touche personnelle, ses convictions, ce qui donne l’occasion de toutes les dérives imaginables, de superlatifs sans fondement, d’inventions pures et simples, voire de contresens. Nous en lisons beaucoup tous les jours et constatons les conséquences sur les nombreuses consultations en oreillers que nous donnons ici chaque semaine.

En effet, en croyant à chaque fois avoir affaire à un produit nouveau qui mérite d’être évalué, en pensant à tort qu’il peut potentiellement vous procurer le confort que vous n’avez pas encore trouvé, vous perdez un temps considérable en vous détournant des solutions de fond, et aux prises avec une résignation qui ne fait que croître au fil de vos achats malheureux.

Nous ne vous apprenons rien, on lit beaucoup de bêtises sur internet. D’autant plus que le positionnement en bonne place d’une produit sur votre moteur de recherche incite chaque acteur à utiliser les termes les plus employés… en somme, chacun entretient à son insu des mythes et fantasmes cumulatifs, et contribue à faire passer des châteaux de cartes pour des citadelles. Nous sommes en présence d’un système concentrationnaire dans lequel toute affirmation locale et isolée devient de façon exponentielle une vérité internationale.

Beaucoup de ces termes utilisés pour la publicité des oreillers participent d’une surenchère en cultivant une argumentation à laquelle le consommateur peut être sensible, mais bien souvent en détournant l’acheteur potentiel du sujet fondamental qui nous intéresse ici chez Mille Oreillers : le confort. De notre point de vue, toute autre notion, si fondée soit-elle ou d’un quelque intérêt potentiel, reste et doit rester périphérique.

Rappelons la définition d’une allégation, qui n’a pas d’emblée la connotation péjorative qu’on pourrait penser : « énoncé d’un fait », nous dit le Larousse, avec pour synonymes : « affirmation, déclaration, assertion, imputation… ».

Il appartient à chacun d’ouvrir l’œil et de se demander en permanence de quoi on lui parle et qu’est-ce qu’on essaie de lui vendre.

Comme le rappelle le Guide Pratique des Allégations Environnementales publié par le Conseil National de la Consommation en 2023, citer une caractéristique d’un produit est une information purement factuelle, technique. Communiquer sur l’avantage qu’elle présente devient alors un argument commercial.

Tout consommateur interpellé par une allégation environnementale est en droit d’en faire état auprès de la plateforme SignalConso (https://signal.conso.gouv.fr) ou d’écrire directement à la DGCCRF- RéponseConso – B.P.60 – 34935 Montpellier Cedex 9.

On peut facilement charger ce Guide Pratique très instructif par ce lien : https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/cnc/avis/2023/Allegations_environnementales/guide_2023.pdf

La parution de ce guide a généré une petite révolution dans certaines pratiques, mais pas toutes. Les grossières mentions “bon pour l’environnement”, “contribue” à ceci ou à cela, sont passées à la trappe, mais les fabricants et leurs services marketing ont trouvé bien mieux que ça et plus subtil pour vous interpeler sur la cause environnementale et naturelle qui vous titille.

 

Voici une liste non limitative des allégations liées à l’environnement et à la nature que vous pouvez trouver dans le domaine de l’oreiller :

 

  • ” ALOE VERA ” :

Allégation d’apport naturel qui porte sur la housse de recouvrement de l’oreiller, l’habillage, à grand renfort de dessins et mentions directement tissés sur le coutil.

Je renvoie sur « Bambou » pour le détail des intentions en la matière. Vous trouverez parfois même à la fois les mentions « Bambou » et « Aloé vera » incrustées conjointement dans le coutil d’enveloppe.

Nous lisons des descriptifs où il est question d’une enveloppe 100% polyester « traitée à l’aloé vera et au bambou » ou de « tissu incorporé d’aloé vera ».

Certains oreillers en mousse polyuréthane à mémoire de forme sont teintés en vert pistache pour renforcer et conforter l’allégation.

On parle aussi d’un parfum à l’aloé vera à cœur du bloc synthétique, sachant que l’aloé à une odeur d’herbe à tendance acide sans intérêt particulier…

Vous lirez parfois qu’il s’agit d’un bloc de mousse à mémoire de forme « enrichi aux huiles essentielles d’aloé vera ».

Nous trouvons sur un modèle une allégation d’effet apaisant pendant le sommeil grâce à l’apport d’aloé vera dans le coutil d’enveloppe, un autre parle d’un effet « contre les allergies » et d’un « combat efficace contre l’eczéma ».

Sur certains descriptifs, on ne sait plus très bien où se situe l’apport d’aloé, enveloppe, garnissage, la confusion est totale.

On parle ici essentiellement d’oreillers en mousse polyuréthane à base d’isocyanate, produits chimiques issus du pétrole, et vendus y compris sur des sites de vente en ligne de produits bio, avec en composant principal notamment le diisocyanate de diphénylméthane, connu dans l’industrie sous le raccourci de MDI. Les composants-arrière sont le formaldéhyde (formol) et l’aniline. De nombreuses réactions allergiques sont indiquées en rubrique « toxicité » des fiches Wikipédia de ces produits.

En résumé, nous sommes ici en présence d’oreillers dits « en mousse à mémoire de forme ». A notre connaissance, toute molécule naturelle est indétectable en laboratoire quand on soumet à l’analyse un bloc de la dite mousse.

 

  • ” BAMBOU ”  :

Ne rêvez pas trop longtemps, le « bambou » ne vous sauvera pas davantage que l’aloé vera du confort de l’oreiller synthétique ordinaire car c’est bien ce qui demeure à l’intérieur.

C’est une présentation utilisée avec abondance sur les emballages et en incrustation sur le tissage des coutils d’enveloppe d’oreillers, sans rapport avec le garnissage et donc avec le confort qui en découle.

Cet habillage vert est aussi copieusement utilisé en literie pour garnir des blocs de mousse tout à fait ordinaires.

On parle ici et là de traitement du coutil au « charbon actif de bambou » ou de tissage du coutil « à base de fibre de bambou », donc de viscose, qui est un procédé chimique pour transformer le bois en fibre qui puisse se prêter au tissage.

C’est donc une fibre de synthèse. La dite fibre n’entrera pas généralement à plus de 40% dans la composition de la surface du coutil, souvent beaucoup moins, et le reste est bien de la fibre polyester.

C’est donc un ingrédient ultra-minoritaire et encore une fois sans rapport avec le confort de l’oreiller, qui est basé sur ce qu’il contient et rien d’autre.

Notez que le coutil d’enveloppe parfois plus épais d’un oreiller en mousse peut en effet avoir un apport de cette fibre sur sa surface extérieure et un matelassage interne en polyester, ce qui compte, c’est la maigre utilisation d’un matériau naturel à l’origine pour en faire ensuite un usage immodéré en termes de communication. On a perdu le confort en route !

Le terme « bambou » ou à l’anglaise « bamboo » est notamment beaucoup utilisé en caution naturelle sur des oreillers en mousse à mémoire de forme (polyuréthane). Il donne l’occasion d’un habillage marketing à dominante naturelle très travaillé sur l’emballage, avec sac de couleur verte, apport d’images de feuilles, de forêts, de rivière, de nature en tout genre, d’insectes en gros plan…

Beaucoup d’acteurs dans le domaine de la literie ont développé des modèles pseudo-naturels en habillant des blocs de mousse ordinaire avec un coutil « à message » acheté au mètre, qui demeure le moyen de personnaliser un bloc de mousse tout à fait ordinaire et généralement approvisionné à l’extérieur auprès de grandes firmes d’envergure internationale.

La liberté d’achat commence par la connaissance, et il appartient au consommateur de ne pas perdre de vue la notion essentielle qui est le confort. Si elle est évacuée, à chacun de s’interroger du pourquoi.

Il est aisé aujourd’hui d’acheter des blocs de mousse brute, de les habiller de coutil quelconque et de les vendre sur les marchés, en galerie marchande, dans un hôtel le temps d’un week-end, ou sur un site internet mentionnant avec de la chance un numéro de portable et piloté depuis un appartement en centre-ville. Plus la vente est désincarnée, plus l’imagination est au travail…

Les avantages mis en avant sur un tel apport « naturel » en tissage d’enveloppe vont reposer souvent sur la douceur au toucher, la résistance anti-bactérienne, la supposé résistance aux odeurs de transpiration, la fraicheur de contact… Tout cela reste très contestable, le contact frais d’un oreiller repose avant tout sur la taie finale utilisée, et on sait bien par expérience qu’il n’y a rien de tel que la soie naturelle pour offrir une réelle fraicheur, d’autant plus si vous retournez régulièrement votre oreiller dans la nuit. Quant à l’odeur de transpiration, chacun appréciera ce qui paraitrait plus convaincant qu’un lavage.

On lit parfois des raccourcis du type « Oreiller de bambou à mémoire » ou « Oreiller en bambou », la réalité du matériau de base et du confort associé est alors totalement occultée. L’oreiller est purement et simplement « naturalisé » par un apport de cellulose dans l’enveloppe du coussin !

 

  • ” COTON BIO ” :

Le coton dit « bio » est lui aussi aujourd’hui à la portée de n’importe quel fabricant d’oreillers ou autres articles de literie qui cherche à donner une apparence naturelle à ses produits.

Il convient d’ajouter « sous une forme ou une autre », car il s’agit de coton qui bien souvent a été traité industriellement pour son emploi, avec différents traitements dont le blanchiment au chlore. Faites bien la différence entre un coton issu d’un champ de culture certifié, et un coton certifié bio d’un bout à l’autre de la chaine jusqu’à son aspect final. On ne parle évidemment pas de la même chose.

De la même manière, vous avez beaucoup de linge de toilette, de tee shirts et autres vêtements vendus dans le commerce qui sont issus d’une culture de coton certifiée bio et subissent ensuite des traitements et apprêts anti-retrait, anti-fongique, teintures, fixateurs, substances chimiques dans les marquages de dessins et logos etc.

Au final, il est marqué « coton bio » sur l’étiquette mais le produit fini est loin de la pureté originelle de la fibre. Vous n’aurez aucun mal à trouver sur internet l’oreiller “coton bio” qui est garni en fibres 100% polyester !

Vous l’aurez compris, le naturel fait vendre. Les centrales d’achat ne sont pas en reste. Elles sollicitent les fabricants pour faire des « coups » en approvisionnant des « oreillers bio ». Quand vous avez de fortes convictions écologiques comme nous, ne rêvez pas, vous n’êtes pas en pleine symbiose de valeurs, vous êtes juste en face d’une intention opportuniste cherchant à surfer sur une tendance porteuse du marché.

 

  • ” HUILE DE RICIN ” :

Elle est mentionnée désormais dans la composition de nombreux blocs de mousse à mémoire de forme en polyuréthane. En réalité, elle y a toujours été utilisée pour des raisons purement techniques et pratiques (ce qu’on appelait familièrement  « l’huile de castor »), mais l’essentiel de la formulation reste très largement de nature chimique pétrolière.

Pour en savoir plus, voir plus bas « mousse viscovégétale ».

L’Inde est le grand acteur sur cette matière première, avec plus de 70% de la production mondiale d’huile de ricin. Les grands brevets internationaux l’ont retenue dans leur formulation en substitut partiel aux produits fossiles non renouvelables.

 

  • ” MICROFIBRE VIERGE CREUSE ” :

Nous trouvons cette désignation sur certains descriptifs, le terme « vierge » s’insinue étrangement pour parler de polyester, comme on le fait sans réserve sur une laine de mouton depuis toujours, mais là au moins on peut y trouver du sens.

Un descriptif parle de « polyester blanc pur vierge »…

Parler d’un garnissage d’oreiller en « fibre creuse vierge siliconée » est une bien étrange nouvelle langue qui fausse et brouille par tous les moyens la frontière pourtant si binaire entre naturel et synthétique.

Un moyen sans doute de vous faire prendre le polyester pour un substitut presque parfait du duvet animal, à quoi je réponds que les auteurs concernés manquent de quelques cours de physique élémentaire des matériaux.

Nous comprenons que la « novlangue » est à l’œuvre de manière écrasante aussi dans notre métier de l’oreiller. Elle vous fera perdre un temps considérable dans votre recherche de conforts alternatifs potentiellement intéressants pour vous, en vous faisant considérer comme différents, et donc utiles à tester, des oreillers qui sont en réalité fondamentalement équivalents les uns aux autres.

 

  • ” MOUSSE ENRICHIE A L’HUILE DE ” :

C’est une formulation ambiguë, qui vous laisse penser qu’on a eu la bienveillance d’ajouter une huile naturelle à une mousse polyuréthane issue du pétrole pour en améliorer le confort dans le cadre d’une démarche volontaire, pour ne pas dire altruiste.

L’huile selon son pourcentage améliore effectivement l’élasticité de la mousse notamment sur les brevets les plus récents, mais dites-vous bien qu’il a toujours fallu utiliser de l’huile pour faire de la mousse, c’est un adjuvant nécessaire depuis qu’on fait de la mousse de synthèse, elle participe à la réticulation, donc à la polymérisation du bloc, qui est liquide au départ.

Les brevets les plus récents intègrent une part d’huile plus importante en alternative au pétrole en cherchant à améliorer les propriétés mécaniques de la mousse, notamment l’élasticité.

On ne peut donc pas parler véritablement d’enrichissement, mais de substitution partielle.

 

  • ” MOUSSE PERFORÉE POUR LA VENTILATION ET LA FRAICHEUR ” :

Si l’on veut… là encore c’est à notre connaissance une interprétation marketing d’un procédé purement technique de vulcanisation, qui consiste à injecter un gaz dans le moule par des canules qui pénètrent au cœur de la coulée, du latex par exemple, qui peut être un « latex de polyuréthane ».

Quand le bloc a durci, on l’extrait du moule en tachant de ne pas l’effriter, il reste les trous au diamètre des canules… à moins de les reboucher, on peut toujours dire qu’ils servent à quelque chose : vous ventiler la tête !

Ce n’est pas à proprement parler une allégation naturelle, mais nous la présentons ici en attendant d’écrire un dictionnaire des allégations de santé !

 

  • ” MOUSSE VISCOVEGETALE ” :

C’est la nouvelle appellation à la mode pour désigner un oreiller à mémoire de forme viscoélastique. La nature s’invite dans l’opération. Ne rêvez pas, l’oreiller est toujours en polyuréthane à base d’isocyanate, un dérivé d’hydrocarbure pur et dur.

Simplement, les spécialistes internationaux de la mousse, comme les allemands Bayer et BASF, ont déposé vers 2012 des brevets sur des compositions de mousses de synthèse dans lesquelles le pourcentage d’huile végétale a été sensiblement augmenté, mais généralement à raison de moins de 20% du total de la formulation.

La motivation affichée par exemple dans l’introduction du brevet international BASF du 29 novembre 2012 est double :

1. Prendre acte de la raréfaction des énergies fossiles et de la préoccupation écologique actuelle en diminuant leur pourcentage dans la formule par ajout d’adjuvants issus de cultures renouvelables.

2. Faire en sorte d’augmenter la souplesse et l’élasticité de la mousse à mémoire de forme, dans toutes sortes d’applications industrielles liées au rembourrage, des sièges de voitures, des matelas, des oreillers…

Les brevets dont nous avons connaissance situent le pourcentage d’huile végétale dans la formule chimique (huile de ricin, mais aussi huile de soja, huile de pépin de raisin etc.) entre 5 et 15%.

A partir d’une préoccupation industrielle on ne peut plus classique, on a vu alors fleurir les appellations « Mousse viscovégétale », l’origine pétrolière largement majoritaire de l’oreiller n’étant généralement plus du tout indiquée ou très rarement.

Le détail des brevets ne laisse aucun doute sur la nature hautement chimique des formulations. Tous les brevets dans ce domaine sont consultables par ce lien sur la base brevets de l’INPI : https://data.inpi.fr/searchadvancedSearch=%257B%257D&displayStyle=List&filter=%257B%257D&nbResultsPerPage=20&order=asc&page=1&q=mousse%20huile%20de%20ricin&sort=relevance&type=patents

Un emballage vert a suffi à semer la confusion dans l’esprit de beaucoup de gens qui s’imaginent acheter un oreiller naturel, y compris dans certains magasins bio ! Cela nous semble d’autant plus grave dans un environnement de sélection des produits où le consommateur s’imagine en grande partie protégé, ce en quoi il a tort.

 

  • ” OREILLER BIO ” :

Vous trouverez très souvent cette appellation notamment sur les sites de vente en ligne. Si vous la trouvez autant, c’est aussi parce que beaucoup de personnes utilisent ce raccourci de langage pour effectuer leurs recherches.

C’est donc un « mot-clef » précieux pour les boutiques de vente en ligne, qui vous proposent ce que vous avez envie d’approfondir, parce que vous l’avez déjà lu quelque part… A chaque fois que vous cliquerez sur un lien commercial sur Google annonçant “Oreiller bio”, vous tomberez sous l’emprise d’un commerçant qui consacre à ce terme un budget dans la journée pour vous faire aboutir sur ce qu’il a à vous vendre. Comptez qu’en moyenne il en coûte 1 euro à l’annonceur à chaque fois que vous cliquez…

En réalité, un oreiller ne peut pas être « bio », car il n’existe aucun référentiel pour le certifier aujourd’hui dans son intégralité en tant que tel, en tant que produit fini. Un composant peut être bio, un oreiller confectionné, non.

Tout ce qu’on est en droit d’écrire, c’est que tel ou tel composant de l’oreiller, tissu d’enveloppe ou garnissage, est « issu de l’Agriculture Biologique », c’est la dénomination officielle à laquelle nous sommes tenus.

Tout raccourci qualifiant un oreiller de « bio » est une atteinte à la législation. De la même manière, une couette ou un matelas ne peut pas être « bio ». A défaut, c’est un abus de langage, une allégation qui ne peut pas être matériellement prouvée. Elle est aujourd’hui copieusement utilisée et réglementairement interdite…

Nous voyons bien les dérives que suscite ce vide réglementaire. Le jour où nous avons sollicité un grand organisme de certification français pour trouver le moyen de faire certifier en bio notre travail de confectionneur d’oreillers naturels, puisque tous nos ingrédients sont bio, il nous a été répondu que le seul référentiel envisageable ne prenait en considération que l’enveloppe de l’oreiller sans tenir compte du contenu…

Le contenant mais pas le contenu, rien au-delà de l’apparence… c’était évidemment une hérésie pour nous qu’il nous était impossible éthiquement de cautionner.

A ce sujet, on peut se reporter avec intérêt aux pages 37 et suivantes du Guide Pratique des Allégations environnementales cité plus haut. Il y est question de l’emploi du préfixe « Bio », qui au-delà de toute logique dépasse aujourd’hui largement le cadre des produits biosourcés.

Le guide pratique indique que pour les marques préexistantes intégrant le préfixe « bio », « ces marques ne doivent cependant pas être utilisées pour verdir un produit ou laisser entendre que le produit est bio ». Il va falloir alors se pencher sur quelques emballages dignes d’être étudiés en école de Marketing !

Et plus loin : « ce préfixe est à éviter lorsqu’il laisse un flou sur la teneur biosourcée du produit, voire sur le sens même du terme (peut-être interprété comme étant un produit issu de l’agriculture biologique ou ayant des caractéristiques de biodégradabilité). Il conviendra alors de préciser le préfixe bio utilisé par des précisions sur le caractère biosourcé du produit ».

Cette clarification explique à mon sens la prolifération des allégations environnementales qui tentent à toutes fins d’établir diverses sources naturelles pour le produit, quand bien même il reste fondamentalement un produit de synthèse.

Le guide précise bien entendu que le pétrole, dont sont issus tous les oreillers en mousse et en polyester, est une matière fossilisée qui ne doit pas être confondue avec un matériau biosourcé, donc issue de ce qu’on appelle la biomasse, qu’elle soit animale ou végétale.

Quand vous tombez sur un oreiller « coton bio » en tête de gondole de votre supermarché, ne rêvez pas, c’est l’oreiller habituel en polyester qu’on tente de vous resservir sous un marketing revisité ! En somme, vous l’avez déjà chez vous, passez votre chemin !

 

  • ” OREILLER LATEX NATUREL ” :

C’est une qualité pas si courante dans la jungle insondable des latex de synthèse, innombrables en industrie, et si seulement on nous indiquait le pourcentage de l’un ou de l’autre…

Le vrai latex naturel est très souple et son odeur est caractéristique, ce qui requiert un lavage et un essorage efficaces. C’est sur ces deux critères, souplesse et quasi-absence d’odeur, qu’on va reconnaitre et distinguer des produits de différentes qualités et origines.

Le latex de synthèse est un styrène butadiène, donc un copolymère, il entre aujourd’hui à hauteur de 8o à 90% dans la composition des oreillers et matelas en latex qui ne prétendent pas le contraire… vous rêvez sous les frondaisons des grands hévéas de la forêt sauvage,  et on vous sert un produit chimique !

 

  • ” PLANÈTE ” :

Cela fait partie des termes que vous pouvez trouver tissés sur l’enveloppe d’un oreiller en mousse, tout comme une fleur de coton ou un autre symbole lié à la nature.

Cela participe bien entendu d’une communication marketing qui va souvent aussi s’attacher à verdir l’emballage, à imprimer des feuilles, libellules et coccinelles sur l’encart en couleurs, de même qu’à faire un usage immodéré de termes comme « bio », « naturel », « végétal »…

Chacun appréciera la portée du geste et l’intention qui s’y cache.

Vous êtes quoi qu’il en soit en présence d’un oreiller en mousse à mémoire de forme comme il s’en vend partout et dont vous possédez déjà sans doute quelques exemplaires dans vos armoires.

 

  • ” POLYESTER RECYCLÉ ” :

Cette option figure depuis quelques années dans la composition des garnissages d’oreillers, en cultivant une notion de développement durable et de conscience aiguisée en matière d’environnement.

On vous précisera si besoin qu’il y a derrière, sous-jacente, la récupération et la transformation de bouteilles en plastiques usagées ou de sacs plastiques flottant sur les mers.

Notre profession est traversée de rumeurs de scepticisme en la matière, qui prétendent que les fameuses bouteilles ont été fabriquées exprès sans jamais avoir été remplies de quoi que ce soit.

Nous n’avons pas d’éléments probants en la matière, et pour notre part, nous nous en tenons à la notion de confort. Le polyester est sans justification pour nous en confort, quant au polyester recyclé, c’est un sous-produit du polyester, alors…

Dans notre métier du 100% naturel et bio, nous sommes confrontés à la pratique de la plume et du duvet recyclés, mais qui en revanche ne se dévoile pas et s’apparente à une pratique cachée. Ainsi, quand vous ne lisez pas la mention « duvet neuf » sur un descriptif, vous pouvez être convaincus qu’il s’agit de duvet de récupération, donc faisant l’objet d’un recyclage à partir d’articles de literie usagés. En tant que fabricant, nous n’en voulons pas car de trop faible potentiel de performances. De même qu’un carton recyclé n’a pas les performances mécaniques qu’un pur kraft neuf.

Étrange inversion des valeurs, où le recyclé du synthétique s’affiche comme une vertu écologique positive, et où on cherche à cacher sous le tapis le recyclé du naturel qui fait mauvaise figure… La récupération du médiocre aurait donc quelque chose de plus noble que le réemploi du naturel…

 

CONCLUSION :

En modeste et provisoire conclusion à cette ébauche, nous constatons que la naturalisation de l’oreiller synthétique est en marche, au point d’afficher déjà la nationalité écologique. Mais à chaque fois qu’il vous montre ses papiers, il ment de notre point de vue sur son identité fondamentale, qui devrait être celle d’un confort personnalisé et calibré dont vous êtes en quête, pour vous-même, pour votre partenaire, pour vos enfants, pour vos parents âgés…

Or nous n’y trouvons sur le fond, c’est-à-dire en garnissage, et donc en confort, uniquement ce qu’il sait faire dans ses usines, rien de plus, rien de moins : du polyester et du polyuréthane.

Dans ces conditions, nous considérons qu’il vous détourne, par une constellation de notions imagées et périphériques, d’un monde de solutions de confort différenciées, qui ont toujours existé et qui n’ont besoin ni de réclame ni de brevet.

Nous tenons chaque jour à votre disposition tous les matériaux naturels nécessaires, dans le respect du travail des anciens et des acteurs des filières de culture biologique dont nous sommes un acteur attentif et admiratif.

Ce dossier est soumis pour avis à la Répression des Fraudes, avec laquelle nous ne perdons pas une occasion de collaborer dans l’intérêt de chacun, car nous considérons qu’il s’agit d’un enjeu de santé publique.

Nous sommes confrontés chaque jour aux ravages causés par les oreillers synthétiques chez beaucoup de nos visiteurs. Leur marketing moderne débridé, de plus en plus emprunt de fausse écologie, ne fait à notre sens qu’aggraver une situation qui était déjà dramatique.

 

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