L’oreiller est le seul et parfait prolongement de soi-même. Il doit nous suivre comme notre ombre, mais une ombre consciente, avisée, calibrée, car plus qu’une ombre portée, il est notre ombre porteuse.
Notre oreiller est probablement le compagnon le plus important de notre existence, l’ultime accessoire, celui du soir, où nous aboutissons tôt ou tard, inexorablement, le dernier point de chute de la journée qui s’achève et le reposoir suprême de la nuit qui doit s’accomplir par nécessité vitale.
L’oreiller est bien le dernier, l’ultime objet de notre cheminement journalier avec lequel il nous faut cohabiter, plus encore, composer, faire corps. Au-delà même, récupérer, nous réparer, nous conforter, nous chouchouter, nous retrouver, et rêver…
Aussi chacun est voué à le choisir avec soin et science éclairée, le plus tôt dans la vie s’avère le mieux, pour avancer ensuite avec les meilleurs atouts, comme en toutes choses. Car non seulement l’oreiller est le compagnon personnel de nos nuits, mais il est la pièce manquante et donc maîtresse de notre corps allongé, d’une zone qu’il nous faut combler à bon escient, épouser, remplir, compenser, en fonction de notre morphologie, de notre croissance évolutive et de notre sensibilité.
25 ans de vie commune avec son oreiller
Rendez-vous compte, nous passons environ 25 années entières de notre vie à dormir, qui « dissimulent, comme dans un écrin, les cinq années pendant lesquelles nous rêvons », pour reprendre la jolie formule de Michel Jouvet, éminent neurobiologiste.
Mais alors qu’on peut prendre des cours de danse, de maintien, d’art vestimentaire, de maquillage et de bien d’autres techniques d’évolution personnelle, il n’existe étrangement aucun cours sur la question de l’oreiller et sur les clefs qui permettent de le choisir judicieusement. Je n’ai en tout cas rien trouvé qui soit de portée générale, pas plus en France qu’à l’étranger.
Ainsi, beaucoup d’entre nous arrivent à l’âge de 50 ans et bien davantage avec un sentiment d’insatisfaction et de fatalité sur ce sujet, après avoir acheté au fil du temps d’innombrables oreillers différents (j’entends souvent évoquer le nombre de 25, qui demandent au moins une armoire normande de stockage !), dont aucun ne s’est révélé satisfaisant et digne d’être emporté partout où nous allons.
Rien n’est fait pour nous éclairer en conscience
Autant que cela puisse étonner, la science complexe de l’oreiller n’a fait l’objet d’aucune thèse, d’aucun traité, d’aucun livre à vocation pratique et applicable à tous. Amer constat, à l’heure où l’on peut apprendre et travailler sur soi-même à travers bien des disciplines, il faudrait donc s’en remettre encore aujourd’hui au petit bonheur des rencontres et des opportunités d’achat, aux annonces, aux publicités, donc aux tentations diverses et aléatoires, pour choisir l’objet matériel probablement le plus déterminant de notre existence ?
C’est une triste réalité, aujourd’hui, dans un ménage, de voir la maîtresse de maison qui trouve la question des oreillers dans son vaste « trousseau » et périmètre de responsabilités, des multiples approvisionnements qu’il lui faut assurer pour chaque membre de la famille, pour la raison qu’on intègre les oreillers sans trop chercher plus loin dans le linge de maison.
Pire encore, l’oreiller est encore trop considéré aujourd’hui comme l’article de rembourrage qui doit garnir au plus juste une taie d’un format donné, qui doit s’accommoder aux parures dont on dispose, garnir, remplir, tomber juste, et faire de l’usage autant que possible.
Il est rare que, dans une famille, qui que ce soit se dise prêt à réclamer à la maîtresse des lieux un oreiller qui ne correspondrait pas aux dimensions des taies en stock, quand bien même il serait animé des meilleures raisons (et elles existent !). La mère de famille porte le fardeau pour chacun de l’achat d’un des objets les plus personnels et les plus subjectifs qui soit. Elle n’a pas droit à l’erreur, mais comment ne pas se tromper ?
La mère de famille, en charge des oreillers pour chacun
A son corps défendant, j’ai souvent constaté que si une épouse ou une mère opère un choix décevant en achetant un nouvel oreiller pour le compte d’un membre de la famille qui n’a pas voulu chercher plus loin et s’en remet à elle pour approvisionner, elle sera tenue pour responsable du mécontentement à venir, soit-elle animée de la meilleure volonté.
Mais comment la blâmer ? De quel choix digne de ce nom dispose t’elle, et où ? Qui nous aide à faire le tri ? Qui dit la vérité plutôt que de nous embrouiller par mille arguments commerciaux ? Qui conseille ? Quel commerçant peut prétendre à une expertise en la matière ? Où peut-on seulement essayer un oreiller avant de l’acheter ? Et sous quel regard exercé, à l’appui de quel avis désintéressé qui ne soit pas motivé par la vente d’un modèle et d’une marque, et par une commission à toucher par un vendeur ? Et qui permet de l’évaluer chez soi en situation avant de le restituer si besoin ?
Le cours sur l’oreiller n’existe pas, tout le monde cherche, tâtonne, bricole, improvise, s’aventure, se désenchante… las des déceptions, certains s’affranchissent des oreillers courants du commerce et tentent le tout pour le tout : façonner leur propre oreiller avec les moyens du bord, ce sont les témoignages qui me sont rapportés : association de vieux vêtements regroupés dans une taie, découpage d’un bloc de mousse au couteau électrique de cuisine, empilement de serviettes éponge…
Illusion de l’oreiller universel
Content de leur trouvaille, quelques-uns déposent même un brevet le lendemain en croyant avoir mis au point l’oreiller du siècle et pouvoir révolutionner la façon de dormir, alors que la nature n’a pas bougé de place et présente sous notre nez depuis toujours toutes les meilleures solutions imaginables, sans droit d’auteur !
C’est bien simple, lancez le sujet de l’oreiller autour d’une table à l’occasion d’un repas de famille ou d’amis, et observez ce qu’il se passe alors, le sujet passionne, les langues se délient, les avis diffèrent en tous sens et s’entremêlent, et la conversation est lancée pour longtemps !
Certains ne masqueront pas leur constat d’échec, d’autres tâcheront de vous convaincre qu’ils détiennent l’oreiller universel, absolu, incomparable, incontournable, un autre encore évoquera avec dépit l’oreiller qu’il croisa un jour avec délice dans un hôtel du bout du monde, et qu’il n’eut pas la présence d’étudier sur place ou l’audace d’enfourner discrètement dans sa valise !
A chacun le sien
Telle autre est dépitée de s’être fait détourner sa dernière trouvaille par son compagnon ou par sa fille, chacun fouine, cherche, s’égare, recommence et garde ses sens en éveil d’une autre solution… Mais vous le constaterez au bout du compte, aucune unanimité de se dégagera d’un tel sujet, pour la simple raison que nous sommes tous différents les uns des autres, aussi bien dans nos corps que dans nos têtes. Les ventes en réunions que j’ai organisées à mes débuts dans ce métier donnaient un joli bazar, une vraie somme d’individualités ! Et chacun avait raison pour lui-même !
Je travaille sur la « problématique de l’oreiller » depuis 25 ans, à travers mon métier de fabricant spécialisé chez Mille Oreillers à Roubaix, et après avoir conseillé des milliers de visiteurs comme je le fais encore aujourd’hui au quotidien, il m’a semblé utile de synthétiser mes connaissances du sujet afin d’en faire profiter le plus grand nombre, tant cette question anime la plupart d’entre nous.
Quand vous démarrez de zéro, vous pouvez tout faire
Je n’ai jamais rien eu à vendre à mes débuts, je n’ai donc pas construit mes connaissances et mon argumentation à partir d’une gamme préexistante sur laquelle des objectifs de marché m’auraient été fixés, puisque j’ai démarré de zéro. J’ai commencé par aller à la rencontre des gens et les écouter. Ensuite j’ai conçu les réponses qui m’ont paru les plus adéquates, je vous les ai fait évaluer ici ou là, et j’ai fini par en tirer des recoupements, donc une typologie.
Dans mon livre, en vente sur le site web Mille Oreillers dans les pages consacrées aux oreillers, j’aide chacun à se poser les bonnes questions pour opérer un choix judicieux pour lui-même, car rien n’est plus personnel qu’un oreiller. Mon livre est aussi un plaidoyer en faveur des matières naturelles, les plus saines qui soient pour un sommeil sain et de qualité. Car je le constate au quotidien, les oreillers dérivés de produits pétroliers (mousse et polyester), hyper-représentés de façon écrasante dans le commerce, causent des dégâts considérables et satisfont très peu de gens.
Il suffisait, si je puis dire, à l’appui d’années d’études, de recherches, de mise au point et de validation auprès des utilisateurs, de proposer un vrai choix, différencié, pertinent, ce que j’appelle ma « boite à outils » du confort de sommeil, dont je donne les clefs dans ce livre.
Mettre à portée de chacun des solutions ancestrales
Les matériaux 100% naturels que j’utilise avec mon équipe pour garnir nos oreillers sont méconnus voire totalement inconnus du grand public pour la plupart, je n’ai pourtant rien inventé car tout cela préexistait. Mon livre « Manuel de l’Oreiller » permet de familiariser le public avec cette offre et de l’aiguiller dans son choix.
Pour autant, chacun peut me joindre facilement tous les jours chez Mille Oreillers pour aller plus loin dans son approche personnelle. Vous n’imaginez pas comment on peut s’en sortir même à distance, sans se voir, par téléphone, pour tomber d’accord sur l’oreiller qui ne vous laissera pas tomber !