José nous rend visite après avoir entendu parler de notre travail et de notre magasin d’essais par un ami, nouvel espoir se dit-il pour tenter de solutionner son problème d’oreiller.
Les achats d’oreillers au fil des années furent innombrables ici ou là, la déception est toujours au rendez-vous, l’oreiller ne tient pas et ne dure pas, notre visiteur « en a marre de se faire avoir ».
Il a pris pour argent comptant chaque promesse d’emballage qu’il a pu croiser, « anti-transpirant », « confort ferme », « soutien ergonomique », « s’adapte à vos besoins »… “balivernes” s’exclame t’il !
Son épouse a rapporté à la maison tout ce qu’elle a trouvé, il a pris le relais pendant ses années de route, mais ça finit toujours pareil, en boule informe avec le bras autour du « coussin » pour compenser ce que l’oreiller a vite renoncé à soutenir, à remplir, à combler, à supporter.
A chaque fois qu’il a remarqué un nouveau modèle d’oreiller dans un rayon, il a fallu faire confiance à ce qui était écrit sur l’emballage, souvent une pancarte indique qu’il est interdit d’ouvrir pour question d’hygiène, et personne pour renseigner sur quoi que ce soit, encore moins le droit de tester allongé ! C’est toujours le saut dans le vide, et effectivement, les 120 kg de José laisse une impression de vide abyssal à chaque descente sur un pauvre oreiller de supermarché…
Caractéristiques physiques
Pas besoin d’un dessin, José est corpulent, il a un petit cou mais massif, plein, il transpire, il a vite chaud, il bouge beaucoup parce qu’il n’est pas bien couché, la tête est toujours trop haute, trop basse, il fait ce qu’il peut avec le plat de sa main, son sommeil est d’autant plus agité, la position de côté génère immanquablement des fourmillements et engourdissements dans les bras, jusqu’aux mains, sa femme dit qu’il « remue tout le temps ».
Il a cru à “l’oreiller au bambou », à « l’oreiller à base d’aloé vera », à « l’oreiller Bio », à « l’oreiller à l’huile de ricin » ( “ou c’était peut-être l’huile de soja”), en supposant découvrir un confort différent, nouveau, original, comme on croit aux avancées technologiques et aux nouveaux super avantages dans tous les domaines de notre monde moderne.
Bonjour les allégations !
“Allégations” est le vocable officiellement utilisé par les autorités pour désigner toutes les affirmations qui peuvent être avancés par un fabricant dans la publicité faite autour d’un produit. Dans notre métier, on parlera d'”allégations environnementales” et d'”allégations de santé”. Nous aurons l’occasion d’y revenir plus en détail.
Certaines des allégations du commerce ont ainsi fait croire à José qu’il avait parfois devant lui un article naturel ou tout comme, ce qui ne gâchait rien, potentiellement un nouveau confort qui lui conviendrait mieux, et si en plus c’était naturel, ce serait sans doute plus sain, plus noble, plus frais, « plus à tous les niveaux »… il s’est trompé maintes et maintes fois, pour ne pas dire qu’on l’a trompé.
Marketing industriel, confort artisanal
José, comme beaucoup d’entre nous, est la proie idéale et facile d’un commerce alimenté par des industriels qui n’ont rien inventé de différenciant en matière de confort et se concentre plutôt sur un autre terrain pour donner encore l’envie d’avoir envie… ça s’appelle le marketing.
Ce n’est pas d’une propriété marketing dont José a besoin, c’est d’un discours professionnel, technique et paramétré, un discours d’ingénieur de terrain qui lui parlerait de résistance à la compression, de densité, de course de descente des matériaux et de caractéristiques dimensionnelles.
Le synthétique au-delà des apparences
Quelle que soit la nouvelle promesse indiquée, c’est toujours bien un oreiller en fibres polyester ou en mousse polyuréthane qu’on lui a vendu, un produit de remplissage qui passe par les mêmes tuyaux dans les mêmes usines depuis 50 ans, de la « bourre » comme on n’a pas cessé d’en mettre jusque dans les petits coussins décoratifs pas chers qu’on trouve partout. Rien de moins, rien de plus…
Clamer qu’il n’y a pas de noblesse et de démarche vertueuse dans tout ceci est pour nous enfoncer une porte ouverte. Il n’y a guère que l’idée de fabriquer du pas-cher mais néanmoins rentable qui plaide en faveur du synthétique, mais le vrai confort est bien dans le naturel, dans toute l’étendue de ses propriétés.
J’ajoute que l’action de lui avoir vendu un jour dans un magasin de literie un oreiller ergonomique à mémoire de forme tient de l’action malveillante, sinon dites-moi d’après sa photo où loger le gros bourrelet en mousse de 13 cm d’épaisseur du dit coussin chez un homme qui n’a pas de cou !
José optera chez nous pour un oreiller en laine vierge 50×70 cm, protégé par une de nos protections en molleton de coton bio. La densité de ce modèle lui procure un soutien significatif dès la bordure, tout au bord même du coussin, sur un modèle à l’allure d’un monobloc mais en réalité facile à « travailler ». L’enjeu pour notre ami va consister à toujours bien garder l’oreiller tout contre, bloqué, serré et plaqué à son épaule, “comme on place le poids au moment du lancer” me fait-il remarquer (José a pratiqué l’athlétisme dans les disciplines où les “costauds” excellent !).
Un dictionnaire à écrire !
En partant, José me dit qu’on devrait écrire un dictionnaire de tous les termes employés dans le commerce de l’oreiller, pour révéler aux gens leur véritable sens et leur influence éventuelle sur le confort de l’article qui se trouve dans l’emballage. Car nous sommes d’accord pour dire que c’est bien la notion qui devrait primer sur tout le reste.
En réalité, les allégations naturelles, vice de notre époque et tellement nombreuses, n’ont pas lieu d’être quand on travaille sur le vrai confort, le confort différencié, personnel, individuel. Parce que le choix d’un matériau naturel est précisément le seul moyen de parvenir à une boite à outils de conforts différenciés.
Alors une fois qu’on a dit ce en quoi c’est fait, on peut expliquer précisément à qui c’est utile !
Contenu plutôt que contenant
Je ne manquerai pas d’écrire un dictionnaire des allégations environnementales en matière d’oreiller (la Répression des Fraudes y puisera ce qu’elle voudra), mais je m’empresse de vous donner un conseil, que je donnais autrefois aux supermarchés bio qui référençaient n’importe quoi en croyant vert sur blanc tout ce qui était écrit sur les emballages des oreillers qui leur étaient présentés par des démarcheurs : demandez-vous ce qu’on est en train de vous vendre, ne croyez pas ceux qui vous disent avoir réinventé le fil à couper le beurre, interrogez-vous sur le fait qu’on vous allèche avec un soi-disant produit naturel qui serait si bon marché, quand on sait bien que tout matériau noble a son prix.
Ne vous contentez pas de dire et colporter ce que vous voyez, mais attachez-vous plutôt à « voir ce que vous voyez » comme disait Charles Péguy, et par-dessus tout…tâtez, soupesez, comprimez et essayez tout ce que vous tombe sous la main ! Au diable l’emballage et ses belles promesses ! Votre recherche du Graal passe par un examen circonstancié de ce qui se trouve à l’intérieur… ne pas pouvoir essayer tranquillement un oreiller avec sa tête et son corps allongé, ce que permettent notre magasin et notre boutique de vente en ligne, est le premier des nombreux pièges qui ne dit pas son nom.