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Juliette, 39 ans, n’aura plus besoin de ses bras pour soutenir sa tête…

PAR janick constant

Smiling mid adult overweight woman looking at the camera

Les oreillers se succèdent depuis des années dans son lit, aucun ne convient, elle m’a apporté le dernier en date pour notre rendez-vous convenu dans notre magasin-conseils.

Juliette est plutôt ronde, 1m65 environ, avec un cou épais et peu développé. Tout fut tenté en oreillers avec ce qu’elle a trouvé sur sa route jusque-là, comme pour beaucoup d’entre vous, mais rien n’y fait. Pas surprenant, aucun oreiller du commerce ne correspond à son corps. Comme s’il ne fallait pas réinventer à chaque fois la pile d’un pont en fonction de son tablier et de la physionomie du terrain !

Certainement pas un ergonomique à mémoire de forme pour Juliette, passage quasi obligé aujourd’hui croit-on dans la jungle épaisse du marketing contemporain. Celui qu’elle a apporté avec elle est un duvet, ultime tentative. Rien de surprenant qu’elle passe au travers, alors que le haut de son corps exerce une pression d’une vingtaine de kilos sur ce pauvre coussin, alors forcément elle le plie en deux, mais rien n’y fait, si peut-être on pouvait le plier en quatre…

Définissons ensemble l’oreiller idéal

Comment pourrait-on définir ensemble l’oreiller qui conviendrait ? Rien de bien compliqué, c’est de la pure logique déductive que ne contesterait pas un ingénieur des Ponts et Chaussées ou un architecte en génie civil. Il faut qu’il soit étroit, pour soutenir sa tête là où elle est, et pas plus loin, ce qui ne servirait à rien et même au contraire provoquerait une migration contre-productive du garnissage. Dans mon vocabulaire, j’aime dire que son oreiller doit être « contraint », limité en surface à la zone de sustentation qui nous intéresse.

Il faut également de la hauteur et du volume, pour caler cette tête pesante dans l’alignement du corps, sans porte-à-faux ni déséquilibre. C’est peine perdue à moins de 15 cm au bombé initial de l’oreiller.

Il faut aussi une masse mobile, malléable, pour un réglage optimal, face à ce cou massif, qu’il faut caler tout en contours et en équilibre à l’aide d’un petit creuset qui ne prenne pas la profondeur abyssale d’un gouffre de perdition au moindre mouvement !

Il faut enfin une densité de confort qui n’autorise aucun effet dérobé, aucune course de descente à retardement, ni dans 5 minutes, ni dans la nuit, ni demain, ni dans trois mois…

Certainement pas un oreiller carré !

Un format 60×60 cm n’aurait pas d’intérêt pour Juliette, même si toutes ses taies à la maison sont bien dans cette dimension. Ce sera ma seule mauvaise nouvelle à annoncer, il faut oublier les taies faites pour des oreillers qui ne sont pas faits pour elle !

Pas besoin d’une telle profondeur, 50 cm suffisent, mais c’est aussi la largeur qui importe, dans le but de pouvoir trouver un équilibre d’un bord à l’autre, sans tangage ni roulis dans sa position préférée qui consiste à dormir sur le côté. Et il ressort vite qu’un carré est trop étroit pour elle vue son gabarit, elle basculerait immanquablement devant ou derrière à la première occasion, à moins de jouer les funambules, et l’on sait bien que dans cette profession, mieux vaut éviter de s’endormir quand l’équilibre ne tient qu’à un fil…

Oui, les oreillers du commerce sont faits bien souvent pour des gens qui n’ont pas le loisir de dormir et doivent constamment s’employer à trouver des parades à leurs insuffisances. Étrange commerce moderne, dessiné au bénéfice de l’industriel fabricant mais en aucun cas en faveur du sommeil du client.

Le ballet des bras

Avec le mauvais commerce des oreillers d’aujourd’hui, les bras ont pris une importance aussi considérable qu’inconsciente, chacun les appelle à la rescousse pour compenser les manquements de l’oreiller. Mouvements de bras en râteau, main glissée sous l’oreiller quand ce n’est pas tout l’avant-bras, pour tenter de constituer une petite colline qui empêcherait la tête de piquer du nez en avant dans le vide, voire une petite montagne dont il faut disposer pour empêcher Juliette de chavirer quand on préférerait se jeter à l’eau et se détendre !

Rien qui vaille dans le commerce

Aucun oreiller dans le commerce, je dis bien AUCUN, ne peut permettre une posture de sommeil confortable et réparatrice pour Juliette. Des millions de gens sont dans son cas, qui bricolent à toutes heures de la nuit des assemblages surréalistes faits de mains, bras, deuxième oreiller, serviettes éponge, draps de bains pliés, vêtements superposés, galettes de chaises, morceau de mousse, sac de chutes de tissu…

Le sarrasin qui sauve

Notre premier essai sera le bon, en sarrasin 50×70 cm. Juliette, sans même s’en rendre compte, ne recourt plus à ses bras pour trouver son équilibre. La flottaison se fait toute seule, allongée sur son côté gauche, une masse devant, une masse derrière, la tête repose en paix et le relâchement musculaire va enfin pouvoir commencer.
Aucune chance d’y parvenir si vous êtes sans cesse à la rescousse pour vous coucher. L’épaule inférieure de Juliette est soulagée. On oubliera bientôt l’engourdissement et les fourmillements qui s’installaient jusque dans l’avant-bras, pour cause de membre écrasé, comprimé, que rien ne suffisait à épargner, faute de compensation suffisante.

Dernier réglage

Nous tiendrons compte enfin du matelas de Juliette, plus ferme que le nôtre en magasin. Plus votre matelas est ferme, plus votre corps demeure en surface, et plus votre besoin de compensation en oreiller augmente. Simple question d’arithmétique. Il nous suffit de garnir un peu plus encore l’oreiller de Juliette par la fermeture à glissière de l’oreiller.

Le gabarit de notre cliente est courant dans la population et ne traduit pas pour autant une obésité à classer en cas isolé et encore moins pathologique. Homme ou femme, vous pouvez être massif, charpenté, costaud, athlétique, sculptural, carré d’épaule, trapu, à petit cou… et à chaque fois, la problématique de l’oreiller surgira face au choix éhonté des oreillers du commerce.
Nous utiliserons selon les cas du liège, de l’épeautre, du millet, du sarrasin, de la plumette compressée ou de la laine vierge, mais soyez persuadés que nous trouverons toujours l’oreiller que vous valez bien.

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