EXPEDITION DANS LE MONDE ENTIER - PROCHAINE REMISE EN POSTE LE LUNDI 13 MAI 2024

Mariette, 57 ans, a mal au cou et aux épaules et va comprendre pourquoi lors de notre rencontre

PAR janick constant

Portrait of a smiling elderly woman

Ce matin, Mariette nous rend visite pour trouver une compresse chauffante de format adapté pour soulager son cou et ses épaules endoloris.

Si nous passons beaucoup de temps lors de vos visites à vous conseiller en oreillers, nous sommes aussi très sollicités pour fournir des bouillottes et coussins chauffants, notamment en graines de lin, aux propriétés anti-douleurs qu’on ne présente plus.

Tous ces articles sont fabriqués sur place, dans l’atelier qui jouxte notre magasin-conseil. Nous avons été la première entreprise en France à proposer des articles chauffants grand public à base de graines de lin, pour soulager toutes sortes de douleurs, dans l’esprit des remèdes anciens à base de graine et farine de lin.

Nous étions bien placés pour cela puisque notre région du Nord de la France est un bassin privilégié de culture du lin, non seulement au niveau français mais même mondial, notre pays en étant le premier producteur de la planète avec 80% du tonnage total.

La douleur n’est pas une fatalité

Notre visiteuse Mariette ignore en réalité pourquoi elle a mal au cou et aux épaules, et comme beaucoup de gens aujourd’hui qui avancent en âge et n’ont pas spécialement de postures de travail préjudiciables,du type travail prolongé sur ordinateur ou peinture en bâtiment, les douleurs subies au quotidien sont souvent mises sur le compte de la lente décrépitude du corps humain et de la fatalité qu’il faut accepter avec résignation.

L’Homme est né pour souffrir, c’est bien la conviction profonde de notre civilisation judéo-chrétienne, ainsi soit-il !

Vendre à Mariette une compresse en lin sera chose aisée, c’est ce qu’elle souhaite et le bon format est vite trouvée dans notre gamme qui en compte une large panoplie. Mais si nous nous attaquions à la cause de ces douleurs en prenant un peu de recul ?…

Et si nous cherchions à comprendre ?

Creusons un peu. Mariette n’est pas contre, cette introspection n’a pas été entreprise jusqu’à présent. On va vite comprendre pourquoi au cours de l’échange.

Il y a deux ans, Mariette a bénéficié de quelques séances de kiné pour une douleur passagère. Le praticien lui a conseillé on ne sait trop pourquoi de se procurer un oreiller ergonomique en mousse à mémoire de forme.

Tout le monde a un avis sur les oreillers, c’est vrai aussi pour tout praticien de santé, qui n’a pas plus qu’un autre une représentation exhaustive du sujet et n’a suivi aucun module de formation spécialisé en la matière (il n’en existe pas). Seulement a t’il subi peut-être quelque démarchage de visiteur médical d’un fabricant ou d’un équipementier…

L’arrivée d’un nouvel oreiller

Voici donc il y a deux ans l’arrivée dans le lit de Mariette d’un nouvel oreiller d’une marque très répandue, d’une valeur de 120 euros, préformé, réalisé dans une mousse polyuréthane ultra-ferme, qui n’aurait jamais dû quitter le milieu hospitalier des ergothérapeutes où il concerne des cas cliniques précis et des personnes accidentées, et se trouve désormais vendu en toute ignorance à qui l’en veut dans le grand commerce.

On est loin de l’oreiller en plume que Mariette avait aimé jusque-là et qui lui permettait de dormir comme elle aime : sur le côté.

Désormais, c’est une barre ultra-dure que ce bourrelet de l’oreiller en forme de vague bien connue qu’il faut supporter 8 heures par nuit, au point qu’il a fallu renoncer à dormir sur le côté tant la mousse résiste au contact du visage et met le pauvre petit cou en contraction permanente. Le matin, la nuque est cassée, meurtrie tant la mousse a exercé une contre-pression puissante sous son poids de corps de 55 kg.

C’est toujours mieux sans

Naturellement, je demande à Mariette si elle souffre moins quand elle va dormir ailleurs sans cet oreiller : réponse affirmative. A aucun moment cet oreiller ergonomique n’avait été remis en question, recommandé qu’il était par le Corps Médical. Autant dire que le kiné de Mariette tente chaque semaine de la soulager des douleurs cervicales et dorsales qu’il a lui-même causé en croyant bien faire, par la prescription d’un mauvais oreiller !

Un oreiller synthétique issu du pétrole acheté bien cher, réalisé en 5 secondes dans un moule automatique pour produire une mousse dont le mètre-cube pèse 75 kg…pour une femme toute menue d’un poids de corps de 55 kg… quand on sait en comparaison qu’un mètre-cube de duvet pèse lui 25 kg, qu’un mètre-cube de laine vierge ou de plumette d’oie pèse 35 kg, qu’un mètre-cube de latex naturel pèse 37 kg… Mariette dort chaque nuit sur une dalle de béton incorrigible quand il lui faudrait juste un petit nuage souple qu’elle pourrait modeler à sa guise.

Son corps ne fait pas le poids

Le cou et les épaules de Mariette sont fins, vous vous en convaincrez sur sa photographie, sa tête pèse 5 kg, sa capacité de compression sur l’oreiller est mineure, bien inférieure à la force de contre-poussée exercée par la mousse polyuréthane, chaque nuit c’est un rouleau à pâtisserie que Mariette loge dans son cou…

Dans bien des couples qui viennent me consulter, je constate que c’est le mari qui récupère et tolère cet oreiller à mémoire de forme, qu’il faut bien user maintenant qu’on l’a acheté, car comment concevoir que quelque chose d’aussi cher et mondialement publicisé ne puisse pas servir dans le foyer ? Quand il n’a pas été offert en guise de geste commercial royal sur l’achat d’un matelas à mémoire de forme au prix indécent.

Le mari devra s’y faire !

C’est probablement un moindre mal pour le conjoint, le poids moyen d’un homme en France est de 81 kg, celui d’une femme de 67 kg, et celle-ci mesure en moyenne 13 cm de moins que son mari.

Celui-ci aura bien souvent une perception assez différente du dit oreiller à mémoire, par la pression qu’il exerce à l’appui de son poids de corps plus conséquent et de par sa carrure généralement plus large, autrement capable « d’enjamber » avec beaucoup plus de facilité le galbe de cette forme.

Entre nous, comment peut-on vendre un oreiller préformé indéformable sans tenir compte du poids de corps, de la carrure, de la dimension du cou, du volume de la tête, de la position de sommeil, de la sensibilité ?…

Revenir aux fondamentaux

Je fais essayer un duvet d’oie souple 50×70 cm à Mariette, qui réalise le temps perdu et les dégâts inutilement causés, car en un instant elle bascule sur le côté, sa position préférée, ce qu’elle ne pouvait plus faire tant la mousse de son ergonomique lui heurtait la joue. Son corps se détend et son visage rayonne…

L’élasticité et la résilience du duvet la placent en sustentation dans l’oreiller, l’amorti souple et l’atterrissage en suspension sont quasi instantanés…une mémoire de forme naturelle peut-être, encore que ce terme tellement véhiculé dans le commerce ne veuille à mon sens rien dire du tout…

Avec un modèle en duvet souple, Mariette est détendue et peut ajuster l’oreiller comme elle veut, grâce à sa masse mobile, réglable à souhait, sans contrainte.

Et la douleur s’en va !

Les douleurs de Mariette seront vite oubliées, il fallait juste ouvrir son champ de conscience et mettre en balance ce qui ne l’était pas, ou plus.

Les oreillers ergonomiques causent d’immenses dégâts dans notre clientèle auprès des femmes, je ne cesse de le constater. Beaucoup d’entre eux sont inappropriés tant en termes de forme que de densité de la matière, et nous ne parlons pas là encore de la dureté, qui est un autre paramètre physique à prendre en compte pour définir le comportement sous contrainte d’une mousse de synthèse.

Notion de thermo réaction

Également, il faut savoir qu’une personne qui dégage peu de chaleur corporelle de contact aura d’autant plus de mal à y entrer, car nous parlons d’une mousse d’un type particulier dite « thermo réactive ». Autant dire que s’il fait frais dans votre chambre, le contact sera encore plus dur. Et si vous dégagez peu de chaleur parce que vous avez froid en vous couchant, vous ne risquez pas de réchauffer la mousse avant longtemps !

La tête sur un dérivé d’hydrocarbure

Nous ne parlons pas ici des nuisances, largement exposées sur internet, des émanations présentes dans cette mousse, les fameux COV (composés organiques volatiles) provoqués par l’origine pétrolière du produit, notamment le formaldéhyde. A chaque fois que vous sentez cette odeur de chimie, posez-vous la question de ce que vous inhalez à l’échelle d’une nuit, des substances volatiles de dérivés d’hydrocarbures…

L’Oeko-tex, c’est pour l’enveloppe

Ne comptez pas sur la mention Oeko-tex Standard 100 pour vous mettre à l’abri en termes d’innocuité et d’absence de substances indésirables, elle ne concerne que l’enveloppe textile de l’oreiller ! On peut l’écrire en gros et en couleur sur l’emballage, ça ne changera rien à la réalité qu’il faut dire et dénoncer.

Avertissements de l’O.M.S.

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), au travers du Centre International de Recherche contre le Cancer, a établi que deux composés organiques spécifiques, le benzène et le formaldéhyde, sont des agents de catégorie 1, donc ayant des effets cancérogènes avérés chez l’homme (dilué dans de l’eau, le formaldéhyde devient le fameux « formol », et on en trouve aussi bien dans la fumée du tabac que dans les isolants de construction).

À court terme, vous pouvez ressentir des maux de tête, des gênes respiratoires et des irritations. A plus long terme, ces études indiquent que ces gaz présentent un risque cancérigène, mutagène et toxique avec des conséquences sur la reproduction.

Une exposition brève (à plus de 0,1 ppm pendant 15 minutes) provoque une défaillance des sens et une irritation de la peau qui peut se traduire sous la forme d’eczéma, de sensations de brulures au niveau des yeux ainsi que des difficultés respiratoires.

L’exposition prolongée au formaldéhyde entraine une diminution des capacités respiratoires : lésions nasales, toux, asthme, défaillances du système pulmonaire.

L’ensemble des résultats épidémiologiques ont permis de conclure aussi à une association causale évidente entre l’exposition au formaldéhyde et les cancers du nasopharynx.

Les résultats ne permettent pas encore d’assurer avec certitude le lien entre ce composé organique volatil et la leucémie.

Résister à l’intoxication ambiante

En résumé, vous pouvez donc être aussi bien intoxiqué par la publicité qu’on en fait que par les substances qu’on y trouve. Ne cédez à aucun pré supposé et analysez toute l’étendue de la situation quand vous souffrez. Vous n’êtes pas forcément en cause intrinséquement, c’est souvent l’environnement qu’il faut changer.

Si vous ressentez des douleurs persistantes après un changement de matelas ou d’oreiller, c’est qu’ils ne sont pas faits pour vous. Changez de chambre ou de lieu s’il faut vous en convaincre. N’écoutez personne. Et suivez votre instinct !

cet article vous a plu ? Partagez-le !