EXPEDITIONS ASSUREES TOUS LES JOURS JUSQU'AU VENDREDI 2 AOUT AVANT NOTRE FERMETURE POUR CONGES

Y a-t-il un oreiller pour Spencer Tracy ?

PAR janick constant

Spencer Tracy

Quand vous travaillez au milieu des oreillers et au contact des utilisateurs tous les jours depuis des années, je ne vous surprendrai pas en vous disant que le raisonnement en la matière s’arrête difficilement à la porte de l’atelier le soir en fermant le portail…

Vous pouvez tout comme moi aborder le sujet avec un ami, un membre de la famille, une collègue de travail, un voisin… la problématique de l’oreiller est chez tout le monde et ne manque pas de surgir à la première occasion. En jeu : le sommeil, donc la récupération, donc la capacité de réemployer nos facultés physiques et intellectuelles le lendemain et les jours d’après. Je suis tenté d’ajouter : sans subir de dommage corporel durant la nuit, à cause de l’oreiller justement, ce que je constate trop souvent !

Vous n’avez qu’à, pour vous persuader de l’universalité du sujet, lancer la question de l’oreiller lors d’un repas de famille. Un débat effréné ne manquera pas d’éclater, où chacun vous parlera de son propre cas, de sa misère à trouver l’objet tant convoité, des solutions de bonne fortune qu’il a trouvées et qu’il considère comme potentiellement miraculeuses pour tout le monde, sans oublier celui qui a connu un jour un oreiller formidable dans un hôtel du bout du monde et qui ne se souvient ni du nom de l’établissement, ni du lieu précis où ça s’est passé, et n’a pas pensé à regarder ce qui était mentionné sur l’étiquette…

En réalité, vous assisterez surtout à l’exposition d’une somme d’individualités, juxtaposées l’une après l’autre le temps du tour de table, quand tout le monde ne parle pas en même temps ! Tous différents ! Y compris forcément dans ce prolongement de soi-même qu’est l’oreiller, indice muet mais si révélateur de notre immense singularité physique, morphologique, sensorielle, psychique, intime…

Doudou et oreiller

La comparaison avec le fameux Doudou de l’enfance, parfois conservé jusqu’à l’âge adulte, est certes tentante, mais l’oreiller va bien au-delà en termes de matérialité. Pour une explication psychanalytique du doudou, car il tient de cet ordre et elle va loin, on peut lire avec grand intérêt le livre de Mathilde Saïet, « Femmes et Doudou, l’objet de l’endormissement », paru aux Presses Universitaires de France en 2008.

Mathilde Saïet, Maître de conférences en Psychologie Clinique et Psychopathologie, résume bien le doudou à travers ses consultations cliniques comme un objet bien souvent sans nom, sans forme, féminin la plupart du temps (encore qu’il y ait des exceptions…), destiné à préparer au sommeil par l’atteinte d’une sorte d’état second, sans pensée, sans conscience, sans réalité, proche dans son fonctionnement de la toxicomanie par l’état particulier qu’il procure et l’addiction qu’il entraine. Bref, un état précieux, volontaire et irremplaçable d’amnésie de la pensée qui mène à l’endormissement, sous forme de retrait narcissique du monde environnant.

C’est généralement une pièce de tissu qui a vécu, effilochée, délabrée, sans bords francs et bien entendu qu’on se garde bien de laver sous peine de vilaine odeur de propreté ! Cela prend parfois la forme d’un oreiller, souvent alors prononcé dans l’enfance « Noreiller », contraction qui traduit déjà un stade de développement du langage plus avancé chez le jeune enfant, car l’introduction des consonnes, plus dures parmi les voyelles, en est une indication.

Le doudou se doit d’être doux, satiné bien souvent, on s’en caresse le ventre, on l’enroule autour de son poignet, on le tient entre ses doigts sur l’espace situé entre le nez et la lèvre supérieure, qu’on appelle le philtrum, à mi-distance entre l’oralité, l’odorat et le toucher d’entre ses doigts. Point de place pour le visuel et l’auditif dans cette opération sensuelle.

Pour le détail, citant Mathilde Saïet, le philtrum, c’est cette espère de gouttière que nous possédons tous, elle n’a aucune fonction organique particulière, la croyance populaire l’a fait appeler « doigt de l’ange », en référence à cet ange qui révèlerait tous les secrets de la vie aux fœtus en leur faisant tout oublier dès la naissance par l’apposition d’un doigt sur leur bouche…
Soyons clair, un doudou représente une reproduction inconsciente du sein maternel, tentant de reconstituer un environnement apaisant, sécurisant, favorable à la quiétude et donc à l’endormissement. Je cite : « Le contact a pour but affiché de procurer des sensations uniques à tonalité érotique : le doudou-pansement ne fait pas que colmater, il diffuse en continu des propriétés magiques, hallucinatoires, véritable sésame pour restaurer l’homosexualité primaire de ce temps d’indifférenciation et ouvrir la caverne au trésor qu’offre toute la sensualité maternelle ».

Doudou féminin, oreiller pour chacun

Quant à l’oreiller dont nous sommes presque tous dépositaires obligés, face à cette nécessité et cette matérialité d’autant plus prégnante dès l’adolescence que notre corps s’allonge, s’épaissit et développe ses contours, ses pleins et ses déliés, s’il est bien évident que nous entretenons avec lui une relation intime importante (d’autant plus si cet oreiller est hérité de l’enfance), il va bien au-delà naturellement, support qu’il est et portance qu’il assume pour chacun d’entre nous.

Certes, on ne se départit pas d’un toucher, d’une sensation et d’une odeur, mais on s’appareille d’abord d’une cale, et non des moindres, qu’il convient de calibrer à l’image de son corps en surface, en hauteur, en densité, en élasticité et en bien d’autres critères de définition qui sont de l’ordre de la physique des matériaux.

Si l’offre spontanée du marché vous permettait toujours de trouver en la matière chaussure à votre pied… (entre-nous, est-ce que l’offre du supermarché convient à quelqu’un ?). Pas bien certain quand on sait le nombre d’oreillers ordinaires vendus par millions chaque année et qu’on retrouve comme coussins pour animaux domestiques sinon dans la chambre d’amis !

Le synthétique partout, même à Hollywood

Les oreillers naturels ont déserté les rayons et le synthétique industriel s’est imposé à chacun, uniforme, indifférencié, indifférent à votre sort… Le commerce n’est plus ce qu’il était, probablement pas plus ici qu’à Hollywood… on pouvait sans doute trouver même là-bas dans les années 50 un bon oreiller de plumes voire un artisan plumassier pas bien loin de chez soi pour l’ajuster à vos besoins personnels et le rembourrer à la demande comme on n’aurait jamais dû cesser de faire.

Spencer Tracy était alors un monstre sacré du cinéma américain, il forma avec Katrin Hepburn un couple mythique de la comédie américaine, dont il a exploré les ressorts avec elle dans une dizaine de films. Deux personnalités si différentes, mais si complémentaires et si amoureusement complices comme il transparait dans tant de scènes !

Quand notre préoccupation du métier de l’oreiller devrait ainsi donc s’arrêter net devant le film du soir qui commence, comme « Madame porte la culotte » par exemple, comment ne pas s’interroger malgré tout sur le « cas Spencer Tracy » par déformation professionnelle ? Dès les premières images, c’est évident, voici qu’apparait sous nos yeux un homme gentil mais massif, attachant mais trapu, dont le dictionnaire nous indique qu’il s’agit d’une personne “petite et large, dégageant une impression de robustesse et de force”. On dit aussi « râblé », « qui a une forte carrure ».

Comment Spencer Tracy faisait-il son lit ?

Comment donc Spencer Tracy faisait-il donc son couchage pendant ces années-là ? Petit cou, tête perchée au milieu de deux épaules larges, pour peu qu’il dorme sur le côté, comment maintenir cette tête suffisamment haute et dans l’alignement de son corps ?

En aucun cas avec un de ces oreillers en fibre polyester qui se vendent aujourd’hui partout. Beaucoup d’hommes comme notre acteur essayent pourtant de s’en contenter faute de mieux, en pliant l’oreiller en deux à force de gestes incessants et en recourant aux bras de toutes les manières pour compenser inconsciemment ce que l’oreiller n’autorise pas tout seul.
Beaucoup d’épouses se débattent avec cette question, tant l’oreiller de leur mari s’inscrit bien souvent dans leur portefeuille de responsabilités (Katrin Hepburn avait probablement bien d’autres chats à fouetter, et puis elle n’était pas l’épouse légitime de M. Tracy…).

Eh bien je fais le pari que Spencer Tracy ne dormait pas sur un oreiller mais bien plutôt un traversin, un polochon, parce qu’il n’y a pas meilleure assise porteuse pour soutenir de côté et empêcher de choir une tête courte sur une épaule aussi large.

Un bon polochon !

Notre traversin à l’ancienne en plumettes d’oie mesure 23 cm de diamètre, avec un garnissage souple mais dense. Il rappelle les traversins d’autrefois, dont la plupart des lits étaient pourvus, souvent en complément des oreillers. Selon, on pouvait utiliser l’un, l’autre, ou les deux à la fois, mais cela faisait déjà pour la journée une élégante tête de lit !

La forme circulaire et géométriquement contrainte d’un traversin a convenu et convient encore à beaucoup d’individus du gabarit de notre acteur, généralement des hommes. Aucune perte de sustentation possible par étalement tant le support est étroit et ramassé. Évidemment un traversin est cylindrique, donc pas de risque d’aplatissement dans les coins ! Pour détourner un terme d’architecture, c’est une structure autoporteuse (définition du dictionnaire : “dont la stabilité est assurée par la forme”).

Nous travaillons actuellement sur un modèle individuel de polochon de seulement 70 cm de long, ultra pratique dans un lit double, mais aussi pour le voyage, qui rejoindra bientôt notre collection. Faites-vous connaitre par email sur “Nous contacter” si vous souhaitez être informé lors de la commercialisation !

En version oreiller

Le dormeur à gabarit « Spencer Tracy » s’accommode aussi généralement de notre oreiller à l’ancienne 50×70 cm surtout en version consistante, d’un poids indicatif d’1,7 kg. Il est vrai que ce format d’oreiller (dit « américain » justement…) a beaucoup supplanté le traversin en offrant une surface de contact plus importante, un caractère malléable et une meilleure progressivité sous les épaules en cas de sommeil transitoire sur le dos. Et d’ailleurs, rien n’empêche certains d’entre vous d’utiliser un tel oreiller posé sur champ, debout sur sa tranche, pour y loger sa nuque comme sur un billot !

Nos deux garnissages d’oreillers à l’ancienne, souple ou consistant, disponibles tout deux en 50×70 cm, nous permettent de coller au plus juste à la corpulence du dormeur concerné.
Nous ne saurons probablement jamais sur quel article de confort dormait Spencer Tracy, mort à 67 ans dans la villa hollywoodienne du metteur en scène George Cukor dont il était locataire, mais j’ai la conviction que nous pouvons « appareiller » avec bonheur toute personne de son profil particulier au moyen d’un matériau 100% naturel, fiable, pérenne, ni trop mou ni trop dur, proportionné à son corps, à son poids et à ses positions de sommeil privilégiées.

Un oreiller à part entière et rien d’autre

Un oreiller ou un polochon n’a pas pour vocation à être utilisé autrement que tel que vous pouvez le voir sur nos photographies. Si vous pliez votre oreiller en deux, si vous devez y ajouter vos mains, vos bras comme autant de cales de menuisier, si vous devez compléter votre oreiller avec autre chose, un autre coussin, un pullover ou un ours en peluche… ou pire encore si vous ne dormez plus sur le côté comme vous aimiez par renoncement à vous y trouver bien, dites-vous qu’il est temps d’agir.

Il existe un oreiller spécifique pour chacun d’entre nous, et la Nature recèle toutes les richesses pour y pourvoir, sans chimie, sans artifices, sans échauffement, sans allergie, sans fatigue, et ça, ce n’est vraiment pas du cinéma.

cet article vous a plu ? Partagez-le !