EXPEDITION DANS LE MONDE ENTIER - PROCHAINE REMISE EN POSTE LE LUNDI 13 MAI 2024

Caroline et Etienne, venus remettre à plat la question de l’oreiller, vont prendre de la hauteur…

PAR janick constant

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Ce couple agréable et dynamique d’une quarantaine d’années ne sait pas au juste ce qu’il vient chercher en me demandant rendez-vous, car le problème n’est pas encore identifié, de sorte que la solution est d’autant moins appréhendée, mais leur instinct parle, il y a quelque chose qui ne va pas en matière d’oreiller pour chacun d’eux…

À ma demande, ils m’ont apporté leur oreiller actuel, un seul a suffi, puisqu’ils ont tous les deux le même, un oreiller en mousse dite à « mémoire de forme » de dimensions 40 x 60 cm, assez ferme, plat, lourd, à bords amincis, avec un maigre bombé au centre.

Origine de ce choix qui n’en est pas un

Ces oreillers furent le geste commercial d’un vendeur lors de l’acquisition d’un matelas il y a 4 ans. Cadeau à la valeur faciale élevée et qui n’a à aucun moment été remis en question quant à sa pertinence. L’effet « mémoire de forme » avec la main qui s’enfonce et l’empreinte des doigts qui reste inscrite dans la mousse sont présents sur bien des photos et ont marqué la mémoire collective…

Entre nous, c’est seulement l’effet retard connu dans la résilience, la reprise de forme initiale des mousses de polyuréthane viscoélastique.

Chacun comprendra par leur photographie qu’il y a déjà un souci d’adéquation entre deux gabarits aussi différents, au moins l’un des deux n’a pas l’oreiller qui soit fait pour lui !

Nous commençons par Etienne

Etienne s’allonge le premier, en m’indiquant qu’il dort beaucoup sur le côté, et qu’il s’agit de sa position préférée.

J’observe qu’en réalité, il s’allonge trois quarts ventre et plie les deux bras à l’équerre devant lui dans une étrange position, la colonne vertébrale totalement vrillée.

Comme je lui en fait la remarque, il m’indique alors qu’il ne peut plus dormir véritablement sur le côté comme avant, parce que l’épaule inférieure lui fait trop mal.

Comment peut-on imaginer qu’il en soit autrement avec une telle carrure sur un oreiller aussi plat que le sien ? A la décharge de cet oreiller, aucun modèle synthétique n’aurait mieux convenu.

Adaptation à l’oreiller

Etienne est le énième visiteur que j’observe qui a cessé de dormir comme il aimait pour s’adapter tant bien que mal à un oreiller qui n’est pas fait pour lui. Horreur absolue que cette inversion des valeurs, où une majorité de gens s’adaptent à l’oreiller plutôt que l’inverse, et appellent inconsciemment à la rescousse leurs bras de toutes les manières pour compenser le manque de soutien et de compensation sous leur torse, sous leur nuque, sous leur joue…

Aujourd’hui, si autant de gens dorment sur le ventre, ou tout comme, ce n’est pas par appétence prolongée héritée de l’enfance, c’est parce que c’est à peu près la seule position qu’il leur reste, la seule devenue tant bien que mal supportable face à un oreiller insuffisant tant en surface, qu’en hauteur, qu’en densité. Dormir sur le ventre est devenu le dernier recours des égarés de l’oreiller !

Développement des modes de compensations

Non seulement les gens ne peuvent pas dormir comme ils en auraient instinctivement envie à cause d’un oreiller inapproprié, mais ils développent des modes de compensation tout aussi inconscients, sous forme de gesticulations et contorsions diverses, qui aggravent encore leur contraction musculaire et leurs difficultés au réveil.

Tout se passe comme si l’oreiller industriel, abordé comme une fatalité, nous désapprenait les règles innées de la récupération personnelle.

La morphologie d’Etienne exige un oreiller carré, haut, et d’une course de descente limitée, apte à lui offrir une suspension souple à l’avenant de son poids de corps et de la compression qu’il exerce. Autant dire un oreiller à des années-lumière de celui qu’il utilise toutes les nuits depuis plusieurs années.

Ce sera un oreiller en plumettes d’oie de type Consistant 60 x 60 cm qui le sauvera.

Réadaptation fonctionnelle

Comme souvent, j’apprends à Etienne à ne pas écraser le bord de l’oreiller avec son épaule, à en garder toute la masse pour soutenir sa nuque et sa tête. La position de côté redevient possible et se réinstalle machinalement, un léger pivotement de l’oreiller vers l’avant améliore encore sa sensation de détente dans le canal du cou, la tête est maintenant dans l’alignement du corps, la colonne vertébrale est parfaitement horizontale, alors et à cette condition les bras se relâchent et s’évacuent d’eux-mêmes de la zone d’opération !

Le corps entier va pouvoir se détendre, se décrisper, le relâchement musculaire peut commencer, point par point, sur tout le haut du corps, sans tensions, au repos.

Au tour de Caroline !

Caroline prend le relais sur notre lit d’essai. Il apparait vite qu’elle aussi a compensé les manques de son oreiller gratuit en adoptant une tout aussi étrange parade que son mari, le tronc aux trois quarts sur le ventre, la jambe gauche à ce point repliée que le genou touche quasiment son coude !

En réalité, vous comprenez qu’elle aussi est trop basse sur son oreiller actuel, et s’est inventé une béquille compliquée faite d’un bras et d’une jambe qui la surélève dans une position d’équilibriste du sommeil. On a sacrifié son confort et sa récupération à défaut de remettre en question un oreiller que le marketing contemporain voudrait nous faire passer pour universel.

Adaptation et souffrance

Engourdissement, fourmillement dans les bras, mal au coude et dans les avant-bras… elle souffre en silence pour dormir comme elle peut sur un médiocre produit chimique fait pour tout le monde et compatible avec personne.

Autre gabarit bien entendu que son mari, de ce fait un oreiller en plumettes d’oie à garnissage souple cette fois sera parfait, nous le prendrons ici en rectangulaire 50 x 70 cm, qui sied mieux à son gabarit et à sa position de côté, quand son mari, grand en tous sens et costaud, avait besoin d’un carré pour assurer une masse volumique et une portance suffisantes.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que vous n’êtes pas condamnés à dormir sur un oreiller ferme sous prétexte que vous avez un poids de corps important ou une carrure développée.

Notion de souplesse graduelle

La souplesse dans l’oreiller est autorisée à tout le monde, elle est une notion relative, nous avons chacun la nôtre, tout comme on ne prévoit pas les mêmes amortisseurs sur une petite citadine et un gros S.U.V., question de proportion, il faut juste la proportionner de façon graduelle à la force de compression que vous exercez sur l’oreiller, et ça, il n’y a que les matières naturelles qui peuvent vous l’offrir, parce qu’elles sont multiples et se dosent à volonté, à la main, en fonction de vos besoins.

On est loin dans notre atelier du moule à injection automatique qui vous polymérise un oreiller en mousse en quelques secondes. L’adaptabilité, c’est le Naturel qui vous l’offre, c’est tout le contraire de l’uniformité industrielle et chimique. Notre travail est éminemment manuel et artisanal et c’est bien celui que nous menons chaque jour à vos côtés.

Un oreiller pour Cassandre

Caroline reviendra quelques jours plus tard avec sa fille Cassandre âgée de 10 ans, qui m’a apporté son oreiller à taie Bambi. L’oreiller en question est suspecté d’avoir déclenché une allergie aux plumes, il faudrait de ce fait tirer un trait sur cette noble matière…

Examen du dit oreiller en plumes… il est en polyester !

C’est bien un oreiller en plumettes que choisira Cassandra lors de son essai, elle aime monter les épaules dessus pour dormir sur le dos, elle prendra donc le même oreiller que sa mère, compromis parfait entre souplesse et maintien, avec une formidable adaptabilité pour une femme d’1m70 et une fillette de 10 ans.

Décider d’un sommeil choisi et non contraint

En conclusion, non seulement l’oreiller industriel déçoit beaucoup d’entre vous par ses faiblesses mécaniques, mais il vous a amené à compenser ses insuffisances par vos propres moyens au prix du renoncement au véritable relâchement musculaire.

Je considère qu’il y a une véritable réappropriation à engager pour chacun d’entre nous. L’oreiller se doit d’être considéré comme le prolongement de nous-mêmes, au moyen d’une approche lucide et éclairée quant aux facteurs d’adéquation qui doivent déterminer votre choix.

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